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L'info n°2025/11/22

«Le harcèlement, bas les pattes»


5,9% de femmes affirment
avoir été personnellement confrontées au harcèlement sexuel au travail.

«Près de 6% des travailleuses sont confrontées au harcèlement sexuel au travail. Ce n’est pas acceptable!», affirme Marte Billen, collaboratrice genre et égalité des chances à la CSC, à l’occasion de la manifestation nationale contre la violence faite aux femmes du 27 novembre à Bruxelles. Une marche soutenue par bon nombre d’organisations et d’associations, dont la CSC.

Comment reconnaît-on le comportement indésirable et le harcèlement sexuel?

Il existe de nombreuses formes de harcèlement, qu’il s’agisse de conflits, de tracasseries, de discrimination, d’agression, la lutte contre les comportements sexuels transgressifs, etc. Le harcèlement sexuel peut être aussi bien verbal que physique, allant d’une blague de mauvais goût, aux atteintes à l’intégrité physique – des attouchements non désirés, voire pire – en passant par de l’intimidation, un prétendu compliment ou une culture d’entreprise machiste. Le harcèlement sexuel est également possible par voie numérique, par exemple, par l’envoi de photos ou de messages inappropriés. L’auteur de tels comportements peut être un ou une supérieure hiérarchique ou collègue. Il peut également s’agir de clients, de patients ou d’externes. Quelle est la frontière entre «un compliment» et le harcèlement sexuel? Fondamentalement, c’est la limite acceptable par l’autre qui constitue la norme.

Le harcèlement sexuel et les comportements indésirables sont-ils des phénomènes fréquents?

Lors de l’étude menée en Flandre en 2019 sur l’employabilité, un quart des travailleurs, et près d’un indépendant sur cinq, affirmait avoir été victime d’intimidation, de harcèlement, d’agression physique ou de harcèlement sexuel. La différence la plus flagrante entre les hommes et les femmes concerne le harcèlement sexuel: 1,2% d’hommes et 5,9% de femmes affirment y avoir été personnellement confrontés au travail. La plus forte prévalence parmi les femmes est principalement due au fait qu’elles travaillent davantage dans des métiers dits «de contact». Ainsi, d’après une enquête réalisée par la CSC Alimentation et Services en 2017 dans le secteur des titres-services, un travailleur sur 3 (!) - en général des femmes – a déjà été confronté à des comportements transgressifs. Ces travailleurs sont très vulnérables. Ils travaillent souvent seuls, au domicile de leur client, qui est aussi leur commanditaire.

«Les représentants du personnel peuvent jouer un rôle important en abordant la question des comportements indésirables ou harcèlement (sexuel) au travail.»

Que faire si vous êtes victime ou témoin d’un comportement transgressif?

Signalez-le à votre employeur. En effet, la loi oblige ce dernier à prendre des mesures en cas de violence, de tracasseries ou de harcèlement sexuel. Ces mesures doivent être aussi bien préventives que des possibilités de médiation. Consultez votre règlement de travail pour savoir quelles sont les dispositions et procédures spécifiques existantes dans votre entreprise. Ne tolérez en tout cas pas que les comportements transgressifs dérapent. Contactez votre supérieur hiérarchique et signalez-lui immédiatement ces comportements. Expliquez-lui les faits et ce que vous ressentez en tant qu’individu. Décidez immédiatement avec lui de la suite des événements. S’il est personnellement impliqué, si votre relation de confiance n’est pas optimale ou si vous n’avez pas l’impression d’être écouté, adressez-vous au service du personnel. Si vous préférez travailler en conservant votre anonymat ou être assuré d’une discrétion suffisante, la personne de confiance sera un bon interlocuteur. Il est recommandé que l’entreprise en désigne une (elle n’y est pas obligée). Cette personne est formée à traiter des informations confidentielles et peut donner des conseils et servir de médiateur dans l’entreprise. Vous préférez vous adresser à quelqu’un d’autre que cette personne ou le conseiller en prévention interne, ou ces fonctions n’existent pas dans l’entreprise? Vous constatez que les faits sont graves et que le comportement se répète? Dans ce cas, il est certainement pertinent de solliciter l’aide du service de prévention externe qui accompagne votre entreprise. Vous pouvez toujours vous adresser au conseiller en prévention «aspects psychosociaux» (CPPS) et lui demander un entretien. Il s’agit en général d’un entretien anonyme et confidentiel ou d’une intervention informelle. Vous pouvez aussi choisir de demander une intervention formelle. Dans ce cas, vous bénéficiez parfois d’une protection contre le licenciement. Si vous ignorez qui est votre service externe, consultez le règlement de travail ou le site www.seed-connect.be

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