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L'info n°2025/11/22

Indexation des salaires: différents mécanismes, différents effets


L’indexation est basée sur l’indice-santé pour tous les travailleurs. 

Avec la hausse vertigineuse de l’inflation depuis début 2021, l’indexation automatique des salaires est à nouveau au centre de l’attention. Ce mécanisme, qui existe pour préserver le pouvoir d’achat, n’est toutefois pas identique pour tout le monde. Thomas Greuse, conseiller économique à la CSC, explique le mécanisme.

Patrick Van Loveren (adapt. D.Mo.)

L’indexation automatique des salaires s’applique aux salaires de tout le personnel de la fonction publique et de (pratiquement) tous les travailleurs du secteur privé qui relèvent d’une commission paritaire. Depuis 1994, l’indexation est basée sur l’indice-santé pour tous les travailleurs. Il s’agit de l’indice national des prix à la consommation dont sont exclus certains produits considérés comme nocifs pour la santé ou l’environnement: l’alcool, le tabac, l’essence et le diesel. Aucun accord interprofessionnel n’est conclu en ce qui concerne le mécanisme d’indexation dans le secteur privé. Les décisions se prennent au niveau des commissions paritaires.

Deux grands systèmes

Pour 43,44% des travailleurs, les salaires sont indexés après un dépassement de l’indice-pivot de 1 ou 2%. Les salaires sont alors majorés de respectivement 1 ou 2%. Toutefois, pour plus de la moitié des travailleurs, l’indexation intervient à un moment fixe (une fois par an dans la majorité des cas, tous les six mois ou tous les trois mois dans certaines commissions paritaires).

Aucun système d’indexation ne compense complètement la perte de pouvoir d’achat résultant de l’inflation galopante, étant donné que l’indice-santé exclut certains produits. Dans les périodes de forte inflation, les systèmes d’indexation qui prévoient une adaptation après le dépassement d’un indice-pivot garantissent toutefois mieux le pouvoir d’achat que les systèmes qui prévoient une adaptation à un moment déterminé. Comme le montre le tableau ci-après, ce sont actuellement les travailleurs dont l’indexation annuelle est prévue en janvier qui sont les plus mal lotis. Ils subissent aujourd’hui une perte de salaire substantielle avant que leur salaire ne soit indexé.

Les travailleurs avec une indexation annuelle en janvier sont actuellement les plus mal lotis.

Indexation (pas toujours) automatique

On oublie parfois que l’indexation automatique ne s’applique pas à tous les travailleurs. Pour les travailleurs qui relèvent d’une commission paritaire qui ne prévoit aucun mécanisme d’indexation automatique, la situation est pire encore. Selon une première estimation prudente, il s’agirait d’environ 1,7% des travailleurs du secteur privé. Il serait donc utile de mettre en place un système supplétif d’indexation au niveau interprofessionnel, qui s’appliquerait aux secteurs qui n’ont pas adopté de dispositions et aux personnes qui sont parfois exclues des mécanismes sectoriels, certains cadres en particulier. Toutefois, la question qui revient de plus en plus souvent du côté politique est de savoir pourquoi, comme interlocuteurs sociaux, nous n’instaurons pas le même mécanisme d’indexation.

Perte cumulée selon le mécanisme d’indexation

Ce calcul est basé sur un salaire/revenu de 3.300 euros brut/mois (environ le salaire médian en Belgique). Source: calcul CSC.

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