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Un groupe de TSE de la CSC rend visite à des collègues
La délégation des TSE, lors de l’action organisée à Bonn.
Une délégation des de travailleurs sans emploi de la CSC (TSE) a participé, dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre la pauvreté, à une action sur la place publique organisée à Bonn.
Dans un contexte de pauvreté croissante, «AufRecht bestehen» une large alliance d'organisations sociales, dont des syndicats, des organisations de chômeurs, des associations caritatives et des groupes environnementaux ont décidé d’organiser de nombreuses journées d'action à travers l’Allemagne au cours des dernières semaines.
L'objectif de l’alliance était de donner un écho au mécontentement et à la colère de nombreuses personnes précarisées et enchevêtrées dans un quotidien de luttes physiques et mentales pour comprendre et respecter les procédures administratives, nombreuses, complexes et parfois stigmatisantes et humiliantes. Le mot d'ordre était «revenu citoyen» car en Allemagne, comme partout en Europe, nous assistons depuis les années 80, à une division croissante de la société entre riches et pauvres.
Plus récemment, en raison de l'explosion des coûts de l'énergie et des denrées alimentaires, la crise s'est aggravée de manière dramatique. L'Allemagne riche n'est qu'un côté de la médaille, mais «nous avons aussi une longue crise structurelle, déjà devenue chronique, liée à l'emploi précaire, à des programmes de contrats à durée déterminée étendus et à une politique néolibérale ratée», explique un syndicaliste.
Qu'il s'agisse de l'alimentation, des coûts de l'énergie, du loyer ou d'autres postes de dépenses, les prix augmentent à un rythme élevé. En particulier pour ceux qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts financièrement avant la crise, les travailleurs précaires, les retraités pauvres et les bénéficiaires de prestations sociales, la perspective de l'automne et de l'hiver est extrêmement sombre. «Beaucoup de gens craignent de se retrouver bientôt sans chauffage ni électricité ou de devoir mourir de faim à la fin du mois».
Lors de la manifestation sur la Münsterplatz à Bonn, des personnes concernées ont pris la parole aux côtés des représentants des syndicats et des organisations sociales. Dans leurs récits impressionnants, elles ont parlé de leur quotidien extrêmement difficile, des coûts qui s'envolent et des nombreuses démarches auprès des autorités. En raison de la crise, il est devenu encore plus difficile de joindre les deux bouts. «Malgré de petites améliorations, le revenu de citoyenneté prévu perpétue Hartz IV1 en tant que système d'appauvrissement et de peur», ont-elles déclaré à plusieurs reprises. Elles ont exigé une «assurance de base résistante à la pauvreté et exempte de répression, et que les personnes touchées par la pauvreté soient assurées en premier lieu en temps de crise et qu'on leur permette de vivre dignement et de participer».
Khadija Khourcha, responsable nationale des TSE, Samira Bakrim, une militante TSE de Bruxelles, et Thomas Miessen du service international de la CSC ont participé à cette journée d'action à Bonn. «L’action des TSE a pour mission d’organiser les sans-emploi autour de leurs préoccupations pour en faire des revendications et les porter auprès des politiques. Les réalités allemandes sont également vécues en Belgique. Au-delà de la lutte contre la pauvreté, c’est la suppression des inégalités qu’il faut viser.»
C’est la méthode Cardijn du «voir , juger, agir» qui est utilisée et qui permet d’être une caisse de résonnance et de porte-voix. Dans ce cadre, les interpellations politiques se font régulièrement aussi bien aux niveaux fédéral, régional qu’européen. «Nous avons été très émues de l’accueil chaleureux que nous ont réservé les collègues allemands ainsi que par le grand intérêt que nos témoignages ont suscité» rapporte Samira. «Nous avons un grand projet de création d’un réseau européen de sans-emploi et donc au-delà du témoignage, c’est aussi et surtout le fait de nouer des contacts qui est précieux. Car la pauvreté ne s'arrête pas aux frontières et, en cette crise mondiale, il est important de lutter ensemble contre la pauvreté croissante.»
1. Les réformes Hartz sont les réformes du marché du travail qui ont eu lieu en Allemagne, entre 2003 et 2005. Ces réformes, controversées, visent à renforcer la lutte contre le chômage volontaire à d'améliorer le retour en activité des bénéficiaires d'allocations.
