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L'info n°912/05/23

Sidérurgie

Liberty Steel: une sentence qui sonne comme un coup de tonnerre


Jordan Atanasov, secrétaire permanent ACV-CSC Metea.

La décision du tribunal de l’entreprise est tombée comme un couperet: toutes les offres de reprise des usines liégeoises de Liberty Steel sont rejetées! C’est l’incompréhension et la colère parmi les 590 travailleurs de l’entreprise sidérurgique et leurs représentants.

Isabelle Debroux

Depuis mars 2021, date de la chute de Greensill, son bras financier, Liberty Steel est dans la tourmente, accentuée par la crise énergétique. Pour se prémunir de ses créanciers, l’entreprise avait à l’époque été placée en procédure de réorganisation judiciaire… à trois reprises. En novembre 2022, un mandataire de justice avait finalement été désigné pour organiser la vente des usines de galvanisation de Flémalle et le Fer Blanc de Tilleur.

Offres rejetées

Début 2023, trois offres sont déposées. La première, émanant de Liberty-Galati elle-même, est la seule portant sur la reprise de l’ensemble des sites (Flémalle et Tilleur), ainsi que de tous les travailleurs sans exception ni conditions. Les deux autres candidats ne sont intéressés que par les usines flémalloises et par une petite partie du personnel. 

ArcelorMittal propose de reprendre 100 travailleurs, auxquels s’ajouteraient 27 travailleurs à transférer dans d’autres sites. L’association Marcegaglia-NLMK, quant à elle, ne fait offre que pour 97 travailleurs. Tant ArcelorMittal que Marcegaglia-NLMK, en outre, ont dressé la liste des membres du personnel qu’ils souhaitent reprendre… Soumises pour homologation au tribunal du travail, ces deux offres sont jugées discriminatoires en raison de l’âge, de la santé et du statut des travailleurs choisis. Le 28 avril 2023, elles sont d’ailleurs balayées d’un revers de main par le tribunal de l’entreprise. Mais dans la foulée, l’offre de Liberty-Galati est également rejetée, au motif qu’elle ne repose pas sur des bases suffisamment solides.

Seuls les intérêts des créanciers ont été pris en compte, alors que le maintien de l’emploi aurait dû être la priorité.

Sentiment de colère

La préservation d’une activité économique structurante pour la région et le maintien à l’emploi de 590 travailleurs sont des éléments centraux dans ce dossier, mais semblent ne pas avoir été pris en compte par la présidente du tribunal. Pourtant, la Région wallonne, via Wallonie Entreprendre (ex-Sogepa), avait affiché son soutien pour l’offre de Liberty-Galati. «Seuls les intérêts des créanciers ont été pris en compte, alors que le maintien de l’emploi aurait dû être la priorité du tribunal de l’entreprise. Or, l’aspect social comme le maintien de l’activité n’ont pas pesé dans la balance. Au-delà de l’incompréhension, cette décision suscite un sentiment de colère» s’exclame Jordan Atanasov, secrétaire permanent ACV-CSC Metea.

La justice liégeoise n’a pas non plus accordé la prolongation de la procédure de réorganisation judiciaire. La mission de l’administrateur provisoire a été confirmée, mais au vu des liquidités dont il dispose, le dépôt de bilan est proche.

En clair, Liberty se retrouve donc au pied du mur: soit le groupe honore ses dettes (45 millions), soit la faillite est prononcée dans les prochains jours.

Rester mobilisé

La CSC et la Centrale nationale des employés (CNE) rejettent ce jugement, et restent déterminées à trouver une solution pour la reprise des usines liégeoises et de leur personnel. «Il est essentiel que tous les acteurs de ce dossier restent mobilisés. En tout cas, nous le sommes, et nous soutiendrons tout appel envers la décision prise par le tribunal de l’entreprise», conclut Jordan Atanasov.


Le siège de Liberty Steel, en région liégeoise.

© Isabelle Debroux