Jacques Wynants, syndicaliste CSC et Verviétois d’exception
Ce samedi 23 septembre, la ville de Verviers a inauguré quatre circuits de promenade sur lesquels les promeneurs peuvent découvrir quarante personnalités qui ont marqué l'histoire locale. Parmi celles-ci, un syndicaliste de la CSC, Jacques Wynants.
Loic Dechene
Une plaque commémorative a été placée en hommage sur la façade de la CSC Verviers. «C’est un bel hommage, mais surtout un devoir de mémoire envers cet illustre syndicaliste», se réjouit Jean-Marc Namotte, secrétaire fédéral de la CSC Liège-Verviers-Ostbelgien .
Pour l’occasion, Tony Eisenhuth, militant CSC depuis de nombreuses années, et André Sante, ancien permanent ACV-CSC Metea, évoquent avec nous l'homme de combat et d'engagement qu'était cette ancienne figure de proue de la CSC verviétoise.
«À l’époque où je suis entré dans l’organisation syndicale, il fallait se battre pour être reconnu comme CSC, se souvient Tony Eisenhuth. Nous étions minoritaires dans les entreprises, et pour devenir ce que l’on est aujourd’hui - numéro 1 au niveau national et régional - c’est avec des Jacques Wynants et d’autres que nous y sommes parvenus.»
Pionnier dans la lutte syndicale, Jacques Wynants a également exercé une influence dépassant les frontières verviétoises. «La CSC a instauré le Fonds de sécurité d’existence d’abord dans une entreprise de Verviers, explique André Sante. Ensuite, ce fonds a été repris au niveau régional par la volonté de Jacques, pour finalement devenir le Fonds de sécurité d’existence national que nous connaissons aujourd’hui».
Au-delà de l’impact syndical, Jacques Wynants marquait les esprits. «C’était un homme qui m’a tout de suite inspiré le respect, confie Tony. Il parlait vrai, ce n’était pas de la poudre aux yeux! Il connaissait le vécu des gens, la réalité de la vie. C’était quelqu’un de la base et un leader.» Tony se rappelle d’ailleurs très bien une phrase que Jacques répétait souvent, et qui l’a accompagné durant toute sa carrière de militant: «Comme homme, et comme délégué, tu dois respecter les autres. Mais tu dois aussi te faire respecter.»
Et André d’abonder dans ce sens: «Jacques était un fin négociateur, à l’opposé des camarades d’en face qui voulaient toujours mettre tout à feu et à sang. De nature très sociale, il était très apprécié des membres, des non-membres et même du monde patronal.»
Pour conclure, André partage une anecdote, qui en dit long sur la personnalité de Jacques Wynants: «Il a été prisonnier de guerre cinq ans en Allemagne, ce qui lui a permis de parler couramment l’allemand. Et ce qui est admirable chez lui, c’est qu’il a entrepris, malgré sa détention, les démarches pour obtenir les pensions des germanophones vis-à-vis de l’Allemagne.»
© CSC LVO
Il parlait vrai, ce n’était pas de la poudre aux yeux! Il connaissait le vécu des gens, la réalité de la vie. C’était quelqu’un de la base et un leader.
Ouvrier à l'âge de treize ans, Jacques Wynants commence à militer au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc) dès la fin des années 20. À vingt ans, devenu permanent verviétois de la Joc, il parvient à recruter en masse pour la CSC lorsque le mouvement ouvrier verviétois se libère d’une emprise socialiste omniprésente à l’occasion de l’échec des six mois de grève générale du textile en 1934.
Appelé à des fonctions nationales à Bruxelles, Jacques Wynants choisit de revenir à Verviers dès 1938 comme permanent de la CSC régionale, puis – après cinq années en Allemagne comme prisonnier de guerre – en tant que secrétaire régional des Métallurgistes verviétois de 1945 à 1972. Incarnation du syndicalisme chrétien dans la région, il termine sa carrière en redevenant durant trois ans permanent interprofessionnel de la CSC.