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L'info n°1806/10/2023

Il faut plus de femmes qui portent la parole des femmes!

Sabine, 59 ans, travaille depuis dix-huit ans à temps partiel dans le secteur des titres-services. En mi-temps médical depuis un accident du travail, cette déléguée syndicale souhaiterait prendre sa prépension en 2024. 

 

      

Propos recueillis par David Morelli 

    

Comment appréhendez-vous la fin de votre carrière?

Je travaille depuis l’âge de dix-huit ans. J’aurai 43 ans de carrière à 61 ans, mais avec des périodes de chômage et du temps partiel. Je me suis renseignée pour connaître la somme que je pourrais avoir à 61 ans. Si je fais cinq ans de plus, j’aurai vingt euros net en plus par mois… Avec un travail aussi pénible, je ne vais pas m’abîmer encore plus la santé pour ce montant.

Le fait de travailler à temps partiel est-il un facteur de précarisation?

Nous avons cette épée de Damoclès avec la suppression des crédits-temps fin de carrière pour les travailleuses à temps partiel. Ce n’était pas un choix pour moi, j’aurais préféré avoir un temps plein. Mais beaucoup d’aides-ménagères, parmi lesquelles de nombreuses mamans solo, choisissent le temps partiel pour pouvoir aller chercher les enfants à l’école, s’en occuper. Mais quand on doit partir plus tôt pour aller chercher ses enfants, alors que l’on n’a pas fait ses heures complètes, celles-ci ne sont pas payées. Ça a un impact… et ça touche majoritairement les femmes. Le statut de cohabitant précarise encore plus les femmes, et elles ne peuvent pas toujours compter sur leur conjoint.

Vous sentez-vous en risque de paupérisation?

J’ai de la chance: mon mari a une bonne pension. Mais s’il devait lui arriver quelque chose, comment ferais-je pour vivre avec ma pension? Si les périodes de chômage, de maladie, de repos d’accouchement etc. ne sont plus assimilées, je vais me retrouver avec 1.100 euros de pension par mois! Comment voulez-vous vivre avec une aussi petite somme? Sans compter que la plupart des aides-ménagères ont de gros soucis de santé: le taux d’absentéisme a triplé en quelques années.

Comment envisagez-vous l’évolution de l’égalité entre femmes et hommes?

J’ai le sentiment que nos gouvernements prônent la parité, mais elle n’existe pas dans les faits. Pour qu’il y ait un meilleur équilibre entre les femmes et les hommes, il faudrait que plus de femmes se lancent dans la politique. Plus il y aura de femmes aux postes de décisions et, plus on pourra leurs faire comprendre que l’inégalité est encore bien présente. Il faut plus de femmes pour porter la parole des femmes!