La gerbe de la Coalition antifasciste de Charleroi lors des commémo-rations du 8 mai.
Depuis janvier 2023, Charleroi est officiellement une «ville antifasciste», consacrant ainsi le travail mené par la CSC, entre autres, à travers la «Coalition antifasciste». Mons semble prendre la même direction.
David Morelli
Le 25 janvier 2020, un nouveau parti d’extrême droite organisait un rassemblement à Gilly. Une contre-manifestation pacifique était organisée par la CSC et la FGTB. Ce fut une douche froide, littéralement: ce sont des autopompes et des sprays qui ont accueilli les contre-manifestants. Afin qu’une telle répression ne se reproduise plus, la CSC et la FGTB ont mis sur pied un groupe de travail avec des représentants politiques et de la société civile. L’objectif était de réfléchir au montage légal d’une motion permettant d’interdire les rassemblements de groupes d’extrême droite, tant dans les lieux publics que privés. Cette motion a été déposée et votée le 23 janvier dernier au conseil communal de la ville de Charleroi. C’est sur cette base qu’un arrêté du bourgmestre a permis d’interdire la tenue d’une université d’hiver du mouvement extrémiste «Chez Nous» qui devait se dérouler en février 2023 à Gilly. Une première victoire pour la Coalition antifasciste.
«La Wallonie est une des seules région en Europe ou l’extrême droite n’a pas encore percé, constate Sabrina Boukarfa, collaboratrice à la CSC Charleroi - Sambre et Meuse. Pourtant, entre autres à cause des crises, il y a un terreau fertile à son implantation, notamment avec le parti “Chez Nous” qui vise les primo-votants, avec une communication très jeune. Un des buts de la Coalition, c’est aussi de sensibiliser les jeunes à la diversité, et leur expliquer pourquoi la lutte contre le fascisme est encore importante aujourd’hui.»
Les actions ont permis d’empêcher un événement d’extrême droite à Charleroi et à Mons.
Cette lutte, essentielle, fonde le soutien à la revendication de faire du 8 mai un jour férié. «Les gens ont tendance à oublier ce à quoi le fascisme a pu aboutir. Face à la montée de l’extrême droite, il est important de rappeler le danger qu’elle représente, à l’heure où sa stratégie de dédiabolisation a permis d’adoucir son image. Les réseaux sociaux jouent un rôle important, en permettant de libérer une parole extrémiste. Il faut montrer que l’extrême droite essaie de berner la société en apportant des solutions simplistes, comme le renvoi des étrangers, qui vont à l’encontre de ce qui permet de vivre dans une société solidaire. Le danger de l’extrême droite en Wallonie, c’est la normalisation de son discours.»
Suite à l’interdiction de réunion à Gilly, le groupement politique extrémiste a tenté de déplacer son événement à Cuesmes (Mons) à la fin du mois de mars. Peine perdue: le bourgmestre montois a pris une ordonnance pour également interdire ce rassemblement d’extrême droite sur sa commune, sur le critère de risque de troubles à l’ordre public. «Il ne s’agit pas d’une atteinte à la démocratie, précise Jean-Marc Urbain, secrétaire fédéral de la CSC Mons-La Louvière. Il s’agit bien de la défendre en empêchant la diffusion de propos incitant à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, à la discrimination…». La CSC et le Mouvement ouvrier chrétien (Moc) Hainaut Centre ont pris des contacts pour déposer une motion «ville antifasciste» au conseil communal de Mons.
Pour commémorer la victoire contre le fascisme, la Coalition antifasciste de Charleroi s’est rendue le 7 mai dernier au fort de Breendonk, devenu un mémorial sur le système concentrationnaire nazi. À la date symbolique du 8 mai, elle a organisé un parcours qui est passé, entre autres, par l’hôtel de ville de Charleroi, où une travailleuse avait caché des résistants dans son bureau durant la guerre, et par l’Athénée Royal Vauban, où la préfète avait refusé de donner la liste des élèves aux occupants nazis afin qu’ils ne soient pas enrôlés dans l’armée allemande.
© CSC Charleroi – Sambre et Meuse