Les secteurs icon

Les secteurs

L'info n°624/03/23

Manutention

Manufast: important plan de licenciement collectif


L’entreprise, active dans l’impression ou encore le stockage, emploie quelque 380 travailleurs.

Le personnel, constitué de travailleurs moins valides, est effondré par la décision de l’ETA de licencier 100 travailleurs. La colère s’installe.

D.Mo.

Manufast est une entreprise de travail adapté (ETA) située en région bruxelloise (Berchem-Sainte-Agathe). Active dans la gestion de data, le printing, la logistique, le stockage ou encore l’e-picking, elle emploie quelque 380 travailleurs, essentiellement moins valides ou fragilisés.

Cette entreprise, qui se revendique de l’économie sociale, est censée être orientée sur l’humain d’abord. Largement subsidiée par le PHARE, un des deux pôles de la Direction d’administration de l’Aide aux personnes handicapées de la Cocof, sa mission est de donner du travail aux personnes en situation de handicap. «Cette main d’œuvre très spécialisée dans son domaine est un fleuron pour le monde du travail bruxellois. Elle pourrait sans difficulté remplacer la sous-traitance de plus en plus pratiquée à l’étranger», explique Jeanne Maillart, permanente régionale en charge du secteur à la CSC Bâtiment – Industrie et Énergie (CSCBIE).

Manufast a pourtant annoncé, à l’occasion d’un conseil d’entreprise extraordinaire qui s’est tenu le 16 mars dernier, son intention de licencier sèchement au moins 100 de ces travailleurs. Une haie de déshonneur a d’ailleurs accueilli les dirigeants de la société.

Les travailleurs ne paieront pas l’addition d’un management défaillant!

Consternation totale

Pour les syndicats (CSCBIE, FGTB et CGSLB), un tel licenciement est tout simplement impensable: cela provoquerait un véritable bain de sang social pour ces familles, mais aussi pour les pouvoirs subsidiants bruxellois!

À l’annonce du démarrage d’un plan Renault, il y a eu des malaises parmi les travailleurs. «La consternation est totale, constate Jeanne Maillart, avec la terrible impression de revivre une situation déjà vécue en 2012, mais en pire».

À l’époque, des travailleurs licenciés avaient en effet été réembauchés quelques mois plus tard, les licenciements ayant été mal calculés. Au nom de la pérennité de l’entreprise, ces précédents licenciements avaient été suivis par l’embauche de managers successifs, avec de très gros salaires…

Manquements et lenteurs

De prime abord, les organisations syndicales détectent des manquements et des mauvais choix de gestion, trop basés sur la rentabilité plutôt que sur les compétences et le fonctionnement des travailleurs en situation de handicap. Le constat est aussi fait de la lenteur à solliciter les mécanismes d’aide et de financement existants dans le secteur du non-marchand bruxellois. Les syndicats remarquent également que Manufast est toujours incapable de présenter un plan d’avenir cohérent qui permettrait de sauver l’entreprise après le licenciement collectif en cours.

Les organisations syndicales annoncent qu’elles n’acceptent aucun licenciement: «Il est intolérable de licencier des travailleurs fragilisés dans une économie déjà en souffrance. Les travailleurs ne paieront pas l’addition d’un management défaillant», concluent-elles.

© Shutterstock