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L'info n°624/03/23

«Cette campagne est un bon point de départ»

Entretien avec Mohamed, permanent CSC Service public au sein de Bruxelles Propreté

Propos recueillis par David Morelli

Le racisme est-il présent au sein de Bruxelles propreté ?

J'ai rarement vu ou entendu du racisme pur. Par contre, j’ai assisté à des malentendus sur base d’humour ou de blagues non-appropriées. Il peut aussi y avoir, de la part de certains chefs, une sorte de favoritisme envers les natifs. Rien de spectaculaire mais une différence quand même en termes de traitement dans l'octroi de certaines missions, avec des tâches ou tournées de collectes plus ou moins lourdes. On essaye de corriger cela et il y a déjà une amélioration en la matière.

Comment réagissez-vous vis-à-vis des personnes auteures de discours discriminants ?

C'est un rôle très difficile. Il faut tenter d’estimer l'intention de la personne, si ce qu’elle a dit ou fait est de l’humour maladroit ou si c'est méchant et gratuit. Si on sent que c'est une blague de mauvais goût, on va expliquer, accompagner et sensibiliser le travailleur sur le fait que cela peut blesser la personne à laquelle il s’adresse. Si c’est gratuit, c’est inacceptable et c’est une « tolérance zéro » de la part de la direction, ce que nous soutenons. On rentre dès lors dans une procédure via notre cellule disciplinaire. Elle réalisera une analyse de la situation, établira un bulletin de signalements et convoquera la personne pour répondre de ses actes. L’issue sera dépendante de ses éventuels antécédents et de l’expression des regrets. Mais cela peut aller jusqu’au C4.

La signature de la Charte par l’agence a-t-elle fait bouger les lignes en matière de racisme ?

Il y a un comité de diversité où je suis mandataire. Avant la signature de la charte, le comité faisait un peu de la « figuration ». Cette charte a permis de lui donner plus de poids. La direction prend désormais en considération ce comité qui, aujourd’hui, met sur pied un vrai plan d’action avec de vrais objectifs. On analyse par exemple les niveaux de discrimination, en matière de genre. Un manager de la diversité a même été engagé spécifiquement pour cette tâche. Il s’attèle notamment à répondre aux exigences de politique d'intégration inclusive de la réglementation européenne. Actuellement, cette avancée se marque surtout en termes de communication et de sensibilisation des agents de Bruxelles propreté sur l’existence de ce comité. Celui-ci est d’autant plus important qu’il y a une vraie diversité au sein de l’agence. Mais nous avons remarqué qu’il y avait, en la matière, une disparité entre le niveau de l'opérationnel, où il y a une grande diversité, et le niveau administratif...

Quel est le bilan de cette première année de de campagne ?

Cette campagne est un bon point de départ. Il faut commencer quelque part et puis s'adapter, s'améliorer, conscientiser. On a un important travail à réaliser au sein de la cellule diversité trop peu connue auprès des agents de Bruxelles propreté. De ce fait, il n’y a pas encore de participation active des agents par rapport à la charte. Par contre, ce comité existe et il est là pour les travailleurs. Ils doivent davantage interagir avec nous.