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L'info n°624/03/23

«Face à des discriminations, les travailleurs ne doivent pas avoir peur de réagir»

Nordin est délégué syndical CSC Alimentation & Services chez Atalian (Bruxelles), une société active dans le secteur du nettoyage, entre autres. Il livre son bilan, un an après la signature de la charte.

Propos recueillis par David Morelli

Pourquoi avoir signé cette charte il y a un an?

Nous voulons améliorer les conditions de travail des travailleurs face à des discriminations, comme le racisme. Il était tout à fait normal pour nous de signer cette charte. Nous avons donc mis en place un plan d’action. Une clause a été intégrée dans le règlement de travail. Elle reprend les éléments contenus dans la CCT 38 (le recrutement et la sélection de travailleurs), la CCT 95 (égalité de traitement durant toutes les phases de la relation de travail), et la loi contre le racisme et la xénophobie.

Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixés?

Nous n’avons pas pu atteindre tous nos objectifs mais, parmi ceux-ci, nous voulions lutter contre la discrimination des personnes handicapées et des femmes de plus de 45 ans, afin de rendre possible l’adaptation de leur travail. Nous avons été attentifs à ce qu’il n’y ait pas de discrimination au niveau des contrats, entre autres en matière d’assignation des heures. Nous travaillons aussi à briser le plafond de verre, qui rend difficile l’accès aux femmes à des fonctions plus élevées hiérarchiquement. En tant que délégué syndical, c’est mon devoir de faire un maximum pour que ces discriminations n’arrivent pas. Mais malgré tous les efforts, il n’est pas possible de tout contrôler: c’est un combat à long terme. Et la direction nous soutient quand nous arrivons à démontrer que des situations problématiques sont en contravention avec la charte déontologique qu’elle a signée.

Votre travail a également permis de faire bouger les lignes en matière de port des signes convictionnels.

Notre entreprise est très diversifiée. À plusieurs reprises, il y a eu des réticences chez certains clients concernant les travailleuses portant le voile. Malgré cela, la direction laisse la liberté aux femmes qui le souhaitent de porter le voile ou un foulard. Mais en règle générale, dans notre entreprise, cela ne pose pas de problème.

Quel bilan tirez-vous de cette année d’action?

Cette charte est un outil utile, et ce qu’on a effectué est déjà très positif. Beaucoup de travailleurs ont peur des représailles et de perdre leur emploi, particulièrement ceux qui ont des contrats précaires (intérimaires, remplacements, CDD…). Cette charte a permis d’avancer sur ce sujet en conscientisant les travailleurs à ces discriminations, et au fait qu’ils ne doivent pas avoir peur de réagir s’ils y sont confrontés.