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L'info n°1821/10/22

Europe Les travailleurs refusent de payer une inflation alimentée par le profit

«Augmentez les salaires, taxez les profits!». C’est portée par ce slogan qu’une manifestation exigeant de mettre fin à la crise du coût de la vie s’est déroulée, le 6 octobre dernier, en face du Parlement européen, à Strasbourg.


La CSC était présente, le 6 octobre dernier, devant le Parlement européen pour protester contre la crise du coût de la vie.

Les salaires ne sont pas la cause de l'inflation. Les travailleurs sont les victimes de cette crise, avec la chute de la valeur de leurs salaires alors que les prix des biens de consommation courante augmentent. Cette situation ne fait qu'accroître les inégalités existantes, avec des travailleurs à bas salaire et des personnes vulnérables qui sont les plus durement touchées.

Il incombe aux employeurs, aux gouvernements et à l'Union européenne de prendre des mesures urgentes pour lutter contre la crise du coût de la vie en garantissant des augmentations de salaire, une aide d'urgence aux familles en difficulté, un plafonnement des prix, la taxation et la redistribution des bénéfices et des richesses excédentaires.

Une crise est due aux profits excessifs, pas aux salaires

C’est forts de ces constats et revendications que la Confédération européenne des syndicats, les syndicats français et plusieurs fédérations et confédérations syndicales, parmi lesquelles la CSC, se sont réunis devant le Parlement européen à Strasbourg pour protester contre la crise du coût de la vie et demander une action décisive de l'UE et des gouvernements nationaux.

Les employeurs,
les gouvernements et l'Union européenne doivent prendre des mesures urgentes pour lutter contre la crise du coût 
de la vie.

Pour Esther Lynch, secrétaire générale adjointe de la CES, «les gens doivent prendre des décisions de plus en plus difficiles pour savoir s'ils peuvent se permettre de mettre de la nourriture sur la table, d'allumer le chauffage ou de cuisiner des repas chauds, tandis que les PDG et les actionnaires des entreprises énergétiques réalisent des bénéfices records à leurs dépens. C'est immoral et les politiques doivent s'emparer de cette crise avant qu'elle ne coûte des vies cet hiver».

La manifestation a été suivie d'une réunion au cours de laquelle les dirigeants syndicaux et les travailleurs ont exposé aux députés européens les conséquences catastrophiques des énormes augmentations de prix sur les travailleurs et leurs familles. Ils leur ont également fait part de leur demande d'action décisive de la part de l'UE et des gouvernements nationaux, parmi lesquelles une augmentation des salaires et des aides au revenu, une taxe sur les bénéfices et un plafonnement des prix.

Plan en 6 points

Les revendications syndicales sont résumées dans un plan en six points où la CES demande:

  1. Des augmentations de salaire pour faire face à l'augmentation du coût de la vie et garantir que les travailleurs reçoivent une part équitable des gains de productivité, ainsi que des mesures visant à promouvoir la négociation collective comme le meilleur moyen d'obtenir des salaires équitables et une économie durable.  
  2. Des paiements ciblés pour les personnes qui ont du mal à payer leurs factures d'énergie, à mettre de la nourriture sur la table et à payer le loyer; le droit à l'alimentation et à un logement chaud sont des droits humains qui doivent être protégés. On ne peut pas attendre des personnes en situation de pauvreté qu'elles paient des factures inabordables. Il faut interdire les débranchements. 
  3. Des plafonds de prix, en particulier sur le coût des factures d'énergie, et une taxe étanche sur les bénéfices excessifs des entreprises d'énergie et autres, afin de s'assurer qu'elles ne sont pas autorisées à spéculer sur cette crise, ainsi que d'autres mesures pour mettre fin aux profits, comme la limitation des dividendes, et pour empêcher la spéculation sur les prix des denrées alimentaires. 
  4. Des mesures nationales et européennes de soutien anticrise pour protéger les revenus et les emplois dans l'industrie, les services et le secteur public, y compris les mesures de type SURE1 pour protéger les emplois, les revenus, et de financer des mesures sociales pour faire face à cette crise et à des processus de transition justes. 
  5. Réformer le fonctionnement du marché européen de l'énergie. Reconnaître que l'énergie est un bien public et investir pour s'attaquer aux causes profondes de la crise, telles que le sous-investissement dans les énergies vertes et les conséquences de la privatisation. 
  6. Un siège à la table pour les syndicats afin de concevoir et de mettre en œuvre des mesures anti-crise par le biais du dialogue social. Il s'agit de la méthode éprouvée pour gérer la crise avec succès.

Les gouvernements et l'UE ne peuvent pas faire l'impasse sur cette crise. Le prix de l'inaction ou l'adoption d'une mauvaise réponse, comme l'augmentation des taux d'intérêt, le gel des salaires ou le retour à un agenda d’austérité ratée, sera catastrophique.

(1) SURE est un instrument financier de l’UE qui vise à atténuer les effets sociaux de la pandémie de Covid-19, NDLR.