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L'info n°1821/10/22

Budget 2023-2024 Le gouvernement protège la population... pour quelques mois


Le gouvernement De Croo a présenté son budget 2023-2024.

Le gouvernement fédéral a présenté son budget pour les deux années à venir. Il en ressort qu’il agit surtout comme un gouvernement de crise qui prend des mesures limitées dans le temps pour protéger les citoyens. Mais les mesures qui affectent les travailleurs – rabotage de certains crédits-temps, extension du travail étudiant et des flexi-jobs… – ne sont, elles, pas limitées dans le temps.


Énergie

Le gouvernement est apparemment conscient que l’indexation automatique des salaires et des allocations permet de limiter les dégâts de l’explosion des prix pour les ménages. Malgré de nombreux manquements, le tarif social de l’électricité et du gaz prouve également son utilité.

Le gouvernement prolonge en outre la prime énergétique pour aider les citoyens qui n’ont pas droit au tarif social à passer le cap de l’hiver. Mais il aurait dû aller plus loin en plafonnant les prix du gaz et de l’électricité. Il faut par ailleurs rapidement étendre le tarif social et le rendre plus automatique.


Travail

Le gouvernement ressort de vieilles recettes d’austérité et de flexibilité. Le crédit-temps pour prendre soin de son enfant et l’interruption de carrière dans la fonction publique sont réduits au détriment des ménages qui ont déjà beaucoup de difficultés à concilier vies familiale et professionnelle.

Le carcan de la loi sur la norme salariale est maintenu, y compris pour les travailleurs des entreprises qui enregistrent de bons résultats. Les citoyens qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts doivent se débrouiller avec le système des flexi-jobs, étendu dans un nombre croissant de secteurs. Pourtant, ce système entraine déjà la diminution des emplois réguliers et le démantèlement des conditions de travail.

À cela s’ajoute l’extension du travail des étudiants, peu onéreux, de 475 à 600 heures par an. Ce système menace les emplois réguliers, ne crée pas de droits sociaux pour les jeunes et a un impact sur les résultats scolaires des étudiants.

L’absence de décision est tout aussi importante: l’assimilation du chômage corona en 2022 pour le droit aux vacances annuelles n’est toujours pas réglée. En revanche, les entreprises bénéficient d’une réduction linéaire d’un milliard d’euros sur leurs cotisations sociales. Cette aide, bien utile pour certaines entreprises, ne servira qu’à accroître un peu plus les bénéfices d’autres. D’ici quelques années, le gouvernement constatera que les caisses de la sécurité sociale et des services collectifs sont vides et qu’il faut faire des économies.

Il faut étendre
le tarif social et
le rendre plus
automatique.

Réforme fiscale

Ce gouvernement a encore une chance d’être plus qu’un gouvernement de crise à travers la mise en œuvre d’une réforme fiscale juste et équitable. Les charges devraient être transférées vers les épaules les plus larges et ne plus être supportées par les seuls travailleurs.

Des tabous sont levés dans ce budget: la nouvelle taxe sur les surprofits et la suppression, certes partielle et différée, du cadeau fiscal pour les résidences secondaires en témoignent. Il sera nécessaire d’en lever d’autres si nous ne voulons pas que la réforme fiscale se traduise par un recul de la sécurité sociale et des services publics. Dans le même temps, les pouvoirs publics devront investir beaucoup plus pour assurer une transition climatique durable et socialement juste. Cela nécessitera également des moyens.