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L'info n°1109/06/23

Europe Les jeunes, forces vives de la CES 

Le congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est déroulé du 23 au 26 mai dernier. Retour sur quelques thèmes qui y ont été développés.

M. Delsoir, jeune PPI à la CSC Hainaut occ.


La délégation CSC qui s’est rendue à Berlin pour le congrès de la CES.

La CES vise, entre autres, à s’assurer que la parole des travailleurs et travailleuses soit entendue dans le cadre du dialogue social européen, et à défendre les valeurs sociales fondamentales de ses membres. Elle intervient activement pour inciter à aller dans le sens d’une Europe sociale (à lire dans L’Info n°10). 

La CSC étant membre de la CES, une délégation de neuf personnes a participé au congrès qui s’est tenu en mai dernier à Berlin. Tous les quatre ans, celui-ci fixe la politique générale de l’organisation et en élit l’équipe dirigeante. Cette année, ce rassemblement a été marqué par la célébration des cinquante ans d’existence de la CES. De nombreux sujets très importants pour l’avenir des syndicats y ont été abordés: en voici le détail de trois d’entre eux. 

Implication des jeunes dans les syndicats

En amont du congrès s’est tenu l’événement «Power to Union Youth», qui rassemblait la jeunesse syndicale européenne. Quatre délégués de la CSC y ont participé. Les jeunes ont pu y partager leurs différentes réalités de terrain, leurs difficultés – souvent semblables d’un pays à l’autre – et leur envie commune de renforcer l’action des syndicats et de s’y investir pleinement. Les jeunes ne sont pas l’avenir des organisations syndicales: ils et elles en sont le présent et une force vive, active et motivée qui ne demande qu’à participer au renouveau. Cette importance donnée à la participation des jeunes dans le mouvement a été confirmée lors du congrès par l’adoption d’un «quota jeunes». Ainsi, lors du prochain congrès, en 2027, pour chaque organisation participante, un délégué ou déléguée sur quatre devra être âgé de 35 ans ou moins. Plus de 60% des délégations avaient déjà appliqué cette règle lors de cette édition, en ce compris la CSC qui avait même doublé ce nombre: quatre jeunes sur les neuf délégués!

Linde Nieto, permanente à la CSC en Flandre-Occidentale, est intervenue devant le congrès à propos de l’implication de la jeunesse dans les syndicats: «Ce n’est pas un problème que nous devons régler. C’est une opportunité. Atteindre et organiser les jeunes travailleurs est la solution à beaucoup de nos défis. Si nous donnons du pouvoir à la jeunesse, cela nous aidera à grandir. Investir du temps, de l’énergie et de l’argent dans les jeunes travailleurs permettra aux syndicats de survivre, mais cela leur permettra également de relever les défis du XXIe siècle. Si vous donnez une voix aux jeunes travailleurs, des sujets brûlants tels que la durabilité environnementale, les droits des femmes, la diversité, la démocratie et l’égalité seront en tête de notre agenda.» 

Lors de ce congrès, l’équipe dirigeante la plus jeune que la CES ait eue jusqu’alors a été élue. Esther Lynch, reconduite dans ses fonctions de secrétaire générale, s’est déclarée ravie de cette nouvelle, à l’heure où le renouveau syndical est crucial.


Un événement rassemblant la jeunesse syndicale européenne
a eu lieu avant le congrès.

Adoption d’une charte des valeurs

La CES a toujours agi en accord avec des valeurs sociales fortes. Elle a mis au vote une charte qui reprend, entre autres, les valeurs de paix, de solidarité, de démocratie et d’État de droit, mais aussi la lutte contre l’extrême droite. Le congrès a adopté cette charte pour pouvoir, le cas échéant, s’y référer.

La CSC soutenait totalement l’adoption de ce texte. Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, l’a confirmé devant l’ensemble des délégations présentes lors des discussions autour de la charte: «Dans une période où l’État de droit, les valeurs d’égalité (en droit et à l’épreuve des faits), de dignité, de respect et d’ouverture sur le monde sont mises à l’épreuve dans de nombreux pays, dont le nôtre, cette charte doit constituer un socle fort qui nous relie, qui nous unit. Nous réaffirmons fièrement et fermement ces valeurs fondamentales, et nous engageons à les traduire dans nos pratiques syndicales. Elles constituent un socle, notre socle commun. Comme syndicalistes, nous avons l’habitude de négocier des compromis pour améliorer les réalités de travail de celles et ceux qui nous font confiance. Mais une chose est non négociable: nos valeurs. Ni celle de nous organiser collectivement, de nous mobiliser, ni aucune autre décrite dans la charte. Nous souhaitons, comme CSC, que dès après le congrès, nous nous mettions au travail de manière à voir comment nous pouvons décliner cette charte pour qu’elle soit, au sein de la CES, une boussole, un instrument de renforcement de notre cohésion».

Lutte contre l’extrême droite

À l’approche des élections européennes de 2024, l’importance du travail des syndicats dans la lutte contre l’extrême droite a été longuement discutée durant le congrès. Les idées populistes et d’extrême droite sont en effet en contradiction totale avec tout ce que les syndicats entendent défendre. L’arrivée au pouvoir de ce type d’idéologie rendrait tout le travail en faveur d’une société juste et progressiste très compliqué.

La CES et ses organisations membres vont fortement s’investir dans la lutte contre l’extrême droite durant les quatre années à venir. «Nous avons une énorme opportunité de mobiliser nos membres, tous les travailleurs, pour qu’ils participent aux élections européennes et supportent des idées progressistes, analyse Tea Jarc, syndicaliste slovène, fraîchement élue secrétaire confédérale de la CES. Je pense que lutter contre l’extrême droite est la priorité absolue jusqu’aux élections européennes».

S’unir pour réussir

Lors de ce congrès, de nombreuses autres thématiques essentielles ont été abordées, comme le bien-être et la protection sociale, l’Europe sociale et inclusive, la lutte contre l’austérité et la précarité…

 Comme le confie Tea Jarc, les défis sont nombreux pour la CES: «Si nous nous unissons, si nous dépassons nos différences nationales, je crois honnêtement qu’un système différent est possible. Avec cette énergie, je suis sûre que nous pouvons réussir!».

© La CSC, Andi Weiland

Investir dans les jeunes travailleurs permettra aux syndicats de survivre.