192 emplois menacés chez Farnell
L’équipe syndicale CSC de Farnell.
L’annonce a été brutale. Si l’activité tournait au ralenti depuis de très longs mois, aucun travailleur ni délégué n’a jamais imaginé la fermeture pure et simple de la plateforme liégeoise du distributeur de composants électroniques. 192 emplois sont menacés.
Isabelle Debroux
Le groupe américain Farnell dispose de divers hubs de distribution dans le monde, dont l’un en Belgique à Grâce-Hollogne, et l’autre en Grande-Bretagne, à Leeds. Après le Brexit, et suite à la pandémie de Covid qui a freiné grandement l’approvisionnement de pièces, l’activité en région liégeoise a chuté. Pourtant, les marges sont restées bonnes.
Pour éviter le chômage économique et les licenciements, une réduction du temps de travail avec maintien des acquis salariaux et extra-légaux avait été négociée il y a quelques mois avec les organisations syndicales (à lire dans L’Info n°18, 2022). À charge de la direction de tout mettre en œuvre pour remplir à nouveau les carnets de commande. Dès la reprise significative et structurelle de l’activité, le protocole aurait alors été suspendu. Cet accord avait été signé pour une période s’étalant du 1er octobre 2022 au 31 décembre 2024. Pendant toute cette durée, l’employeur s’était engagé à ne procéder à aucun licenciement.
L’employeur s’était
engagé à ne
procéder à aucun
licenciement
jusque fin 2024.
L’annonce faite ce 16 mai en conseil d’entreprise extraordinaire était donc aussi surprenante qu’inattendue. Elle n’a duré quelques minutes à peine. «Il nous a été annoncé que le groupe avait l’intention de transférer toute l’activité à Leeds, en Grande-Bretagne, et de fermer purement et simplement le hub de Grâce-Hollogne, raconte Ludovic Moussebois, secrétaire permanent CSC Transcom. Quelques slides nous ont été présentés pour nous expliquer que le volume d’activité avait chuté de 30% en deux ans et demi, qu’un rayon sur deux était vide, mais aussi qu’une même commande était fractionnée entre les deux sites européens, ce qui n’offrait pas une bonne expérience client et augmentait les frais. Et c’est tout. Si ce n’est que la procédure Renault était de facto enclenchée. Pas de questions-réponses, pas de débat. Oui, cela a été brutal.»
Le pôle de distribution de Farnell, en région liégeoise.
Au sein de l’équipe syndicale CSC, c’est un sentiment de trahison qui est ressenti. En effet, à la suite de la mise en place de la réduction du temps de travail et à l’arrivée d’un nouveau directeur, l’espoir d’une relance des lignes était fondé. Dans le personnel, certains sont très abattus. «Ce qui est d’autant plus dur à encaisser, c’est que la situation financière est saine. En effet, les chiffres ne sont pas mauvais, et le marché des pièces électroniques se porte très bien. En plus, l’entreprise fait désormais partie d’un groupe américain qui fait des bénéfices. C’est donc incompréhensible d’en arriver à une fermeture. Nous allons demander des comptes. Nous éplucherons toutes les données financières, et établirons une liste détaillée de questions. Nous allons voir s’il est possible que la direction revienne sur sa décision, car nous sommes convaincus qu’il y a encore une possibilité d’avenir pour Farnell à Grâce-Hollogne», conclut Ludovic Moussebois.
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