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L'info n°1426/08/22

PLATEFORMES

Uber files: le loup dans la bergerie

En juillet dernier, les «Uber files» ont été publiés dans la presse. United Freelancers (UF) et la CSC Transcom ont réagi aux informations divulguées sur les méthodes de la plateforme.

Adapt. D.Mo

Issus d’une investigation journalistique basée sur des milliers de documents internes à Uber, les articles issus de leur analyse confirment ce que dénoncent depuis longtemps United Freelancers et la CSC Transcom: la stratégie agressive de lobbying de l’entreprise américaine et la mise sous pression organisée des autorités publiques, y compris par la violence. «Ces documents ne font que confirmer ce que tous pouvaient déjà voir. Ce n’est pas faute d’avoir diffusé l’image d’un ministre belge filant à Davos rassurer une vice-présidente de Deliveroo, en janvier 2018, lorsqu’une révolte de ses coursiers menace la plateforme en Belgique. D’un côté son cabinet dit comprendre les travailleurs, de l’autre le ministre dorlote les lobbyistes.»


Des lois qui s’achètent

L’organisation par Uber d’une soi-disant «initiative citoyenne», en Californie, fin 2020, pour contrer la loi de l’État est, de l’intérêt démocratique, «tout aussi édifiant.» Uber prétend que tout cela appartient au passé. Pour UF et la CSC Transcom, cette attitude est «facile et trompeuse. Si ces plateformes ont l’influence qu’elles ont aujourd’hui, c’est bien parce que leur stratégie était de s’implanter de manière forte et brutale, et de devenir incontournables.» Ils considèrent par ailleurs que l’activisme des plateformes n’a jamais été aussi grand pour essayer de contrer les différents projets législatifs visant à légaliser leur activité, tout en la cadrant un minimum. Mais ce minimum serait-il déjà de trop? «La Région bruxelloise est en train de réformer son secteur taxi, poussée dans le dos par les jugements qui ont constaté l’illégalité du système Uber. Il s’agit d’officialiser les plateformes, mais le cadre semble encore trop étroit pour Uber qui n’hésite pas à jouer avec les différences régionales, en faisant rouler des voitures des autres régions pour faire exploser le marché bruxellois.»

Il y a de plus en plus de sollicitations à utiliser le numérique.

Hypocrisie

Le gouvernement belge devrait, quant à lui, bientôt voter son «deal pour l’emploi», incluant un chapitre sur l’économie de plateforme. «L’objectif vanté est celui d’une présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes qui organisent le travail pour enrayer l’énorme précarisation en cours. Mais le projet de loi a été vidé totalement de son contenu par le lobbying des plateformes, relayé complaisamment par certains cabinets.» Au niveau européen, le projet de directive allant lui aussi dans le sens d’une présomption de salariat à certaines conditions a été déposé «mais il fait l’objet d’une intense activité de guérilla pour, comme en Belgique, le vider de son contenu.» 

Et UF et la CSC Transcom de conclure: «Les plateformes (et certains de leurs alliés) savent qu’elles dessinent les règles du travail du futur. Les Uber files étalent l’hypocrisie de quelques acteurs qui ne poursuivent que leur intérêt propre, et certainement pas le progrès de l’humanité.» Cette enquête sera elle le signal du réveil?

Prolongation temporaire jusqu’au 15 novembre des aménagements de fin de carrière dans la
construction à partir de 55 ans.