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L'info n°309/02/2024

CSC Alimentation & Services

Organiser, lutter et gagner

Les militants de la CSC Alimentation et Services (A&S) s’étaient donné rendez-vous les 31 janvier et 1er février derniers au Concertgebouw de Bruges pour deux jours de congrès. Leur objectif: s’organiser pour gagner.

David Morelli

Plutôt qu’un congrès thématique se focalisant «sur les points et les virgule de lignes de force», le 33e congrès de la CSC A&S a été envisagé «par, pour et avec les militants», comme l’a mentionné d’emblée Pia Stalpaert, la présidente de la centrale. «On va beaucoup vous écouter», a-t-elle ajouté, en donnant effectivement la parole à deux militantes pour ouvrir ensemble le congrès. «Mon syndicat est mon deuxième chez moi. Ici, on nous écoute et on nous respecte», a proclamé l’une d’entre elles. De nombreux autres témoignages d’expérience de terrain ont rythmé les deux journées de congrès, témoignant de la volonté de la centrale professionnelle d’impliquer les militants dans la construction d’une organisation capable d’aller chercher des victoires, dans un contexte de vieillissement des membres et des délégués, de diminution de l’affiliation, et de perte de force et d’implantation syndicale dans la concertation sociale.

Le titre du congrès, «Organize. Fight. And win»1, synthétise la réponse forte et collective souhaitée par la CSC A&S pour sortir de ce contexte morose. Une réponse qui compte bien utiliser les opportunités qu’il y a à saisir – nouveaux types de contrats, nouvelles façons de faire du syndicalisme, nouvelles thématiques – pour préparer un avenir meilleur.


Près de 500 militants ont participé au congrès.


Renforcer l’organisation syndicale

Pour ce congrès, la centrale a choisi de soumettre des engagements concrets au vote. Ces engagements prennent racine dans des expériences de délégués récoltées auprès des permanents et lors des journées de zone organisées avec les militants. Il est apparu, par exemple, que nombre de militants souhaitent davantage de temps syndical pour travailler «avec les travailleurs» plutôt qu’exclusivement «pour les travailleurs». Le congrès oriente la centrale dans cette direction pour les cinq prochaines années, pour les impliquer dans le travail syndical et créer du collectif. Pour Éric, délégué dans l’industrie alimentaire participant au congrès, «discuter avec les délégués d’autres entreprises du secteur permet de se rendre compte que les problèmes sont assez identiques. Ce congrès doit faire évoluer le syndicat et le renforcer collectivement».
Véronique, déléguée dans l’Horeca, abonde également dans ce sens: «écouter les exemples de bonnes pratiques nous aide pour trouver des solutions dans nos entreprises. Il faut faire évoluer le syndicat pour que les jeunes s’y intéressent».


Réflexions collectives

Les quelque 500 congressistes présents ont eu l’occasion d’alimenter leurs réflexions sur les propositions d’engagement soumises à leurs votes. Le besoin d’impliquer les jeunes pour offrir un avenir au syndicat semble les avoir particulièrement interpellés. C’est le cas pour Moustafa, délégué dans la sécurité: «les jeunes délégués sont l’avenir de la CSC. Il faut moderniser notre manière de les mobiliser pour qu’ils se lancent dans l’aventure avec nous. Il faut rendre le syndicat plus attractif. On a aussi besoin de cette jeunesse pour dire non à la droitisation de la société». Un des ateliers organisés autour des thèmes du congrès a permis aux congressistes de converser par écran interposé avec Sydney Mullany. Elle représentait les Memphis Seven, jeunes travailleurs de Starbucks qui, en 2022, ont réussi à créer un syndicat dans leur filiale. Son intervention, loin des clichés sur les jeunes, a mis en lumière leurs méthodes pour développer du collectif, même dans un milieu extrêmement hostile aux syndicats.

Ici, on nous écoute et on nous respecte.


Pia Stalpaert, présidente de la CSC A&S, a introduit le congrès avec deux militantes.

3 axes, 14 engagements

Le vote en plénière des engagements et des résolutions d’actualité, parmi lesquelles la lutte contre la droitisation, le développement de l’égalité femme/homme, le syndicat comme moteur de la paix ou encore l’importance de l’unité du pays, constituait évidemment le cœur du congrès. Les 14 engagements proposés étaient répartis en trois axes. 

> Un syndicat jeune  

Le syndicat ne peut pas vieillir. Quatre engagements ont donc été votés en vue de conquérir la jeunesse. Pour ce faire, le syndicat va adapter son fonctionnement dans la centrale et dans les entreprises, et donner aux jeunes leur place et leur chance. Il va aller chercher les jeunes là où ils sont, défendre leurs intérêts, et rajeunir les équipes syndicales. Pour la CSC A&S, un syndicat jeune est un syndicat qui se fixe des objectifs et qui continue d’expérimenter différentes façons d’y arriver. 

 > Un syndicat fier 

«Le respect, ça ne se reçoit pas. Ça se gagne». La stimulation du sentiment de fierté est un élément essentiel pour aller vers des victoires. Cela passe entre autres par la revendication du rôle essentiel des travailleurs dans la société, et par le développement de la fierté d’être syndicaliste à la CSC A&S, d’être à l’écoute des travailleurs, à leur service, en les impliquant. 

> Un syndicat stratégique 

Enfin, sept engagements déclinent les méthodes avec lesquelles la CSC A&S envisage de transformer ses luttes en victoires. Pour gagner de nouveaux droits et renforcer ses acquis, la centrale souhaite partir des problèmes du terrain. Elle veut fonctionner avec des plans stratégiques dotés d’objectifs qui seront conçus et exécutés avec les militants au niveau de l’entreprise et du secteur. Les meilleurs bilans seront partagés et enseignés. Enfin, le syndicat veillera également à impliquer des travailleurs qui ne sont pas encore membres.


Des ateliers ont permis aux congressistes de travailler sur diverses thématiques.

Lutte contre la droitisation

Constatant la droitisation de la société et le fait que les salaires, la pension à un âge décent et la liberté de faire grève sont les premières victimes de cette tendance lourde, les militants ont décidé de faire de cette lutte une priorité dans les années à venir. Cette résolution prendra la forme d’une opposition aux idées qui réduisent les droits des travailleurs, d’une réaffirmation du droit à l’action syndicale, et d’une lutte pour l’extension des droits des travailleurs et de leurs organisations.

«Nous allons avoir besoin du sentiment de solidarité, d’amitié et d’humanité que nous avons bâti durant ce congrès. Ne laissons pas 2024 devenir un nouveau 1933. Ensemble, soyons un syndicat fier contre l’extrême-droite. Nous sommes un syndicat fier et stratégique qui œuvre pour une société solidaire et pour la victoire», a conclu Pia Stalpaert, présidente de la CSC A&S. 

 1. «S’organiser. Se battre. Et gagner», en français, NDLR.

© VideoLines Productions

Prix de la solidarité

Le congrès a également été l’occasion pour la CSC A&S de remettre le Prix Jeanne Devos, le Prix international de la solidarité, à l’organisation Fairwork Belgium (www.fairworkbelgium.be) pour son travail visant à améliorer la situation de travail des travailleurs ayant un droit de séjour précaire ou inexistant.