Marc Becker, secrétaire national de la CSC en charge des affaires wallonnes.
Il y a un an, le gouvernement wallon et les interlocuteurs sociaux et environnementaux ont défini ensemble une série de projets visant à relancer la Wallonie. Ils tirent un premier bilan de cette collaboration inédite.
David Morelli
Pandémie, inondations, sécheresses, crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine: les crises des dernières années ont démontré la nécessité d’accélérer la transition socio-économique et environnementale wallonne.
Le Plan de relance de la Wallonie (PRW), lancé en 2021, vise à être un catalyseur dans la poursuite de cet objectif sur le long terme. Face au manque de structure et de cohérence des nombreux projets envisagés dans la première mouture, la CSC, à l’instar d’autres acteurs, souhaitait faire entendre sa voix lors de la préparation de ce plan.
Le 28 mars 2022, le gouvernement wallon et les partenaires sociaux et environnementaux (PSE) ont signé une déclaration commune, inédite en Wallonie. Au terme d’un processus de concertation, ils se sont entendus pour définir, avec le gouvernement, une série d’actions prioritaires. Les PSE sont par ailleurs pleinement impliqués dans la gouvernance de ces mesures, dans une démarche de «coconstruction» poursuivant un objectif commun: maximiser les retombées positives pour la société wallonne.
L’objectif des différentes mesures est de maximiser les retombées positives du plan sur la société wallonne.
Concrètement, quatre programmes d’actions prioritaires, déclinés en 42 projets, ont été choisis au regard de leur potentiel de création d’emplois de qualité, de valeur ajoutée et d’impact favorable sur l’environnement et le climat, pour un montant total de 2,5 milliards. Trois projets transversaux (prérequis) et douze projets financés par l’Union européenne ont également été identifiés (lire L’Info n°7, 2022). Pour ces derniers, il s’agit d’aller vite, car ils doivent impérativement être clôturés fin 2026.
Un an après l’entame de ce travail collaboratif, 92% des projets sont lancés, et plus d’un tiers du budget a été engagé dans des projets concrets, visant un équilibre économique, social et environnemental.
Le 5 avril dernier, le gouvernement wallon et les PSE ont présenté l’état d’avancement des projets et budgets du PRW, à travers le détail de cinq «méta-objectifs». Ceux-ci constituent la colonne vertébrale du plan, à l’horizon 2030.
Marc Becker, secrétaire national de la CSC en charge des affaires wallonnes, a présenté quatre projets du «méta-objectif n°4», visant à améliorer le bien-être, la solidarité et l’inclusion sociale en Wallonie. «L’objectif visant la réduction de la pauvreté et l’augmentation du taux d’emploi est essentiel aux yeux des organisations syndicales. Augmenter le taux d’emploi est un objectif transversal, qui doit se dégager de l’ensemble des projets de ce plan de relance. Certains publics plus fragiles méritent une approche spécifique. 125 millions ont été débloqués afin de stimuler la rénovation énergétique de certains quartiers défavorisés, dans neuf villes candidates. Ce projet répond à des besoins nécessaires d’approche collective de la rénovation énergétique, et permet un accompagnement de A à Z des ménages dans la rénovation de leur bâtiment.»
Réduire la pauvreté et augmenter le taux d’emploi est essentiel pour les organisations syndicales.
Abordant la mise en place de deux expériences pilote visant à lutter contre le sans-abrisme, il met en lumière le projet «Housing first» (le logement d’abord, en français): «Son objectif est de renforcer des équipes qui sont dédiées spécifiquement à accompagner des personnes sans abri vers un logement stable. On sait que le logement est souvent une première étape essentielle dans le processus d’insertion et de réinsertion. 2,5 millions d’euros ont été débloqués en 2023 pour doper cet accompagnement, via un renforcement des moyens de neuf relais sociaux et de quatre associations de promotion du logement, en augmentant de plus de 270 personnes le nombre de personnes sans abri accompagnées.»
Marc Becker a également présenté l’opération «Coup de Boost».
«C’est un processus d’accompagnement intensif, via un encadrement spécifique pendant six mois, d’un certain nombre de jeunes “NEETS” – ces jeunes qui ne sont ni à l’école, ni à l’emploi, et hors de tout parcours de formation. L’objectif est de les mener vers un emploi durable, vers des formations qualifiantes, voire une reprise d’études. Sept plateformes sont déjà opérationnelles sur le territoire wallon. On est dans un processus de généralisation sur l’ensemble du territoire. À ce jour, 285 jeunes ont bénéficié de cet accompagnement. L’objectif est d’atteindre 1.500 jeunes à l’échéance du plan de relance.»
Le Plan de relance wallon est donc bien sur les rails et poursuit, à travers la réalisation de ses objectifs, son trajet vers l’horizon 2030.