«En toute franchise, non merci!»
Le 7 mars, Delhaize annonçait son intention de franchiser l'ensemble de ses 128 magasins lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire et plongeait l'ensemble de ses travailleurs dans l'incertitude la plus totale. Le 17 avril, après 6 semaines de grèves et d’actions des travailleurs de Delhaize, les travailleurs de la grande distribution se sont rassemblés devant le SPF Emploi pour refuser la franchisation des enseignes et la détérioration des conditions de travail.
Donatienne Coppieters
Charlotte Lorent, 32 ans, travaille depuis dix ans au Delhaize de Bouffioulx. Déléguée depuis 3 ans, elle était une des témoins sur le podium de la manif.
Elle dénonce: «La réalité de la franchise aujourd'hui, c’est un marché super tendu, avec toujours plus de concurrence, mais toujours le même gâteau à se partager. C'est de la polyvalence à outrance et toujours plus de flexibilité. C’est donner toujours plus, avec toujours moins en retour, en espérant que le patron ne fasse pas faillite. Ce sont des travailleurs livrés à eux-mêmes face à l’employeur. Ce sont des contrats précaires (étudiants, flexi-jobs, CDD…). La réalité pour nous, c’est qu’on gardera nos droits oui. Plus dans une CCT collective, mais dans un avenant au contrat. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est l’avenir de tout un secteur. Aujourd’hui, c’est nous - mais demain, ce sera qui? Mestdagh, Delhaize, Colruyt, Action, Auto 5…? Après six semaines d’actions, mes collègues sont devenus des guerriers! Ils se battent pour eux, mais aussi pour toi! Aujourd’hui, mes collègues sont fatigués, et plus que jamais, ils ont besoin de solidarité. Pour que notre slogan devienne celui de tous les secteurs et tous les travailleurs: ‘En toute franchise, non merci!’».
Ce 18 avril, un dialogue entre la direction de Delhaize et les représentants des syndicats s’est conclu par un échec de la négociation. La poursuite des actions de mobilisation est donc à prévoir.