Depuis les années 80, et pour des raisons budgétaires, il a été décidé que lorsqu’un travailleur ou une travailleuse tombait au chômage et habitait avec une autre personne avec un autre revenu (chômage ou revenu du travail), son allocation de chômage serait revue à la baisse.
Les femmes furent les premières touchées par cette approche familialiste, leur allocation sociale étant considérée comme un «revenu rouge à lèvres». Pour celle qui vivait seule, la salle de bain et la chambre à coucher devenaient des endroits de suspicion à inspecter, en vue de raboter la déjà très faible allocation sociale.
Si, à l’origine, la mesure touchait à plus de 90% les femmes, elles sont actuellement environ 51% à voir leur allocation de chômage impactée par le statut de cohabitant, contre 49% d’hommes.
Ce statut de cohabitant constitue une injustice flagrante en matière de droits. Une personne qui cotise pleinement à travers son travail doit avoir un droit plein aux allocations. Les différentes politiques d’austérité, parmi lesquelles le statut de cohabitant, bafouent ce droit. Non seulement ce statut met de nombreuses personnes dans la précarité, il entrave en plus la solidarité et mine la confiance dans la sécurité sociale. Depuis 40 ans, le maintien de ce statut enferme certaines femmes dans un système qui construit lui-même sa pauvreté et la renforce.
C’est pourquoi nous plaidons pour une plus grande individualisation des droits à travers la constitution de droits propres, l’augmentation de toutes les allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté, ainsi qu’un renforcement des politiques permettant aux femmes de s’émanciper pleinement dans le monde du travail.