Droits humains et football:
un but en soi
Au moins 6.500 travailleurs sont décédés lors de la construction des stades pour la Coupe du monde.
En amont du match Belgique-Pays-Bas, les fédérations de football néerlandaise et belge, la KNVB et l’URBSFA, ont organisé, le 3 juin dernier, une conférence de presse qui a abordé le rôle des deux fédérations et d’autres parties prenantes en matière de respect des droits humains et des travailleurs lors de grands événements footballistiques, comme la Coupe du monde au Qatar.
La CSC Bâtiment - Industrie & Énergie (CSCBIE), qui participait à cette conférence, a partagé son point de vue et son expérience sur les conditions de vie et de travail pénibles des ouvriers (migrants) de la construction au Qatar, conditions qu’elle dénonce depuis de nombreuses années. La CSCBIE, qui s’était rendue au Qatar une première fois en octobre 2013, avait, à l’époque, déjà constaté la tragédie humaine et lancé un cri d’alarme auprès des autorités locales, de certaines entreprises de construction actives sur les chantiers et la communauté internationale. «Les droits humains fondamentaux des travailleurs (migrants), leur sécurité et leur bien-être, doivent être respectés à tout moment, avant et pendant des événements tels que la Coupe du monde au Qatar, mais aussi après», insiste Pierre Cuppens, secrétaire général de la CSCBIE.
À ce jour, il y a déjà eu plus de 6.500 décès dans la construction des infrastructures nécessaires à l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar! Si, sous la pression des syndicats et des ONG, des avancées ont eu lieu, notamment en matière de législation sur le travail, dans la pratique, on est encore loin du travail décent. Les avancées restent fragiles et contournées par des employeurs peu scrupuleux.
Les droits humains fondamentaux des travailleurs (migrants), leur sécurité et leur bien-être, doivent être respectés à tout moment.
Pour la CSCBIE, la Fifa doit user de son influence pour garantir la création d’un centre pour travailleurs migrants légalement reconnu et protégé. Pour que ces personnes puissent bénéficier pleinement des réformes du travail au Qatar, elles doivent être conscientes de leurs droits. Ce centre devrait faire partie de l’héritage de la Coupe du monde 2022. «Il y a encore beaucoup de travail à faire car des conventions fondamentales de l’OIT n’ont toujours pas été ratifiées au Mexique et aux États-Unis, pays organisateurs de la Coupe du monde 2026. Nous demandons donc à la Fifa, qui peut agir comme un moteur de changement, d’inclure des clauses sociales dans l’attribution de la Coupe du monde» a souligné Patrick Vandenberghe, président de la CSCBIE.