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L'info n°2109/12/22

BRUXELLES

Pour une réforme de la pension minimum non sexiste

La notion de «travail effectif» va pénaliser plus durement les femmes dans le calcul de leur pension. Le 28 novembre dernier, les syndicats organisaient une action en front commun pour demander au gouvernement d’arrêter d’enfumer les futurs pensionnés et pensionnées.

D. Mo.

Le relèvement de la pension minimum était une urgence sociale, obtenue dans l’accord gouvernemental. La pension minimale augmentera, en plus de l’inflation, de 15% entre 2020 et 2024. Jusqu’à ce jour, les salariés et les indépendants avaient d’office droit à un minimum garanti après 30 ans de carrière, soit 30/45e de la pension minimale (1.021,88 euros brut).

Le gouvernement fédéral a introduit l’été dernier une condition supplémentaire de 20 ans de «travail effectif». Seuls le congé de maternité, le congé d’allaitement, le congé palliatif et l’inactivité due à un handicap seront assimilés à un emploi effectif. Il existera un régime limité et complexe pour les malades de longue durée.

Perte de 440 euros

Cette réforme est incompréhensible: l’accord de coalition fédéral précisait que la réforme des pensions devait «tenir compte des inégalités entre les hommes et les femmes». Or, la notion de «travail effectif» va pénaliser plus durement les femmes dans le calcul de leur pension et coûter à une future bénéficiaire de la pension minimum sur sept (soit 3,9% de toutes les femmes qui seront pensionnées à l’avenir) jusqu’à 440 euros par an. Pour certaines d’entre elles seulement, la revalorisation (limitée) du travail à temps partiel, presté avant 2002, compense tant bien que mal cette perte.

L’accord intervenu
cet été creuse
l’écart entre les hommes
et les femmes.

Retour de fumée

Face à cet enfumage gouvernemental, une centaine de militants, réunis en front commun, se sont donnés rendez-vous devant la Tour des pensions (Bruxelles), le 28 novembre dernier. À leur tour, ils ont enfumé l’institution avec des fumigènes de couleur violette, couleur symbole des violences faites aux femmes, et appelé à une réforme qui ne les discrimine pas. «Les femmes ont encore la plus grande part de la charge familiale. Elles connaissent les temps partiels imposés pour plus de flexibilité. Ne pas prendre en compte les congés parentaux, les crédits-temps de soin pour enfants ou de fin de carrière pour compenser la pénibilité des métiers, c’est mépriser la réalité des femmes et des hommes» a déclaré Anne Léonard, secrétaire nationale de la CSC, lors des prises de parole qui ont rythmé l’action.

«Exclure des travailleurs de la pension minimum, c’est ajouter de la précarité aux futurs pensionnés. Nous exigeons une prise en compte de la réalité des femmes dans toute réforme de pension. Améliorer nos pensions, préserver les périodes assimilées, penser les mesures sous l’angle du genre, c’est notre priorité!». Et Anne Léonard de conclure, s’adressant au gouvernement: «Revoyez votre copie!».