1,5 milliard de bénéfices dans le commerce alimentaire en 2020 et 2021
L’essentiel des bénéfices réalisés a servi à rémunérer les actionnaires ou les gérants.
Selon une étude de la CSC Alimentation et Services se basant sur les données de la Banque Nationale, les bénéfices du commerce alimentaire ont augmenté de 34% entre 2014 et 2021, et la rémunération des actionnaires de 59%. Le secteur se porte donc très bien sur le moyen terme.
La fédération patronale du commerce, Comeos, affirme que les marges bénéficiaires diminuent depuis des années dans le commerce – justifiant par là des restructurations comme celles en cours chez Mestdagh ou Delhaize. Qu’en est-il des chiffres?
Dans une étude sortie le 24 mars dernier, le service d’études de la CSC Alimentation et Services (CSC A&S) a objectivé les bénéfices du secteur du commerce entre 2014 et 2021. Cette étude se base sur les dernières données comptables déposées par plus de 10.000 entreprises du commerce alimentaire de détail à la Banque Nationale de Belgique.
Premier constat, le bénéfice d’exploitation des entreprises du secteur est passé de 521 millions d’euros en 2014 à 698 millions en 2021, soit une augmentation de 34%. «C’est une très bonne performance, en particulier les dernières années», commente Olivier Malay, docteur en économie et co-auteur de l’étude. Rien que sur 2020 et 2021, le secteur a engrangé 1,5 milliard de bénéfices d’exploitation (et 1,2 milliard de bénéfices après impôts). «Les chiffres de l’année 2022 seront marqués par l’augmentation des coûts des marchandises ainsi que des prix de vente. Nous attendons d’en voir l’impact sur les entreprises».
Deuxième constat, l’essentiel des bénéfices a servi à rémunérer les actionnaires ou les gérants, et cela dans une part croissante. Si la rémunération des actionnaires s’élevait à 316 millions d’euros en 2014, elle est passée à 504 millions d’euros en 2021 (+59%). Les autres grands gagnants sont les administrateurs et gérants, qui ont vu leur rémunération passer de 20 à 39 millions d’euros sur la période (+95%), alors que les augmentations des salaires des travailleurs étaient bloquées ou limitées.
+34%
c’est l’augmentation du bénéfice des entreprises de commerce alimentaire entre 2014 et 2021.
«Contrairement à ce qu’on entend parfois, le secteur du commerce n’a donc pas de problème de santé, avance Steve Rosseel, porte-parole de la CSC A&S pour le secteur. Si la moitié des bénéfices 2021 était distribuée aux travailleurs, il y aurait de la marge pour une prime de 5.000 euros pour chaque travailleur du secteur. Dans ces conditions, des restructurations diminuant les conditions de travail sont malvenues. De telles restructurations n’ont pour but que d’augmenter les bénéfices au profit de quelques-uns. Au contraire, il faut partager équitablement la richesse avec les travailleurs.»
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