«Il faut adapter notre organisation pour faire face à l’avenir»
Depuis ce 1er janvier, Lieve De Preter a pris la tête d’ACV-CSC Metea. Cette assistante sociale de formation a fait toute sa carrière au sein de la CSC. Elle aborde, avec Lahoucine Ourhribel, nouveau secrétaire général Sud (Namur, Brabant wallon, Luxembourg) de Metea. Ils abordent les défis à relever durant leurs mandats respectifs.
Propos recueillis par David Morelli
Le 16 décembre passé, les militants Metea étaient dans la rue pour manifester pour un meilleur pouvoir d’achat.
Lieve De Preter (LDP): Depuis 1993, j'ai vécu l'évolution de la centrale. Si on m’a choisie, c’est parce que je connais bien l’organisation, pas parce que je suis une femme. Et ce n’est pas parce que je suis une femme que la centrale fonctionnera différemment. Je souhaite poursuivre les grandes étapes entamées par mes prédécesseurs, dont j’ai beaucoup appris. Pour moi, c'est surtout important de suivre les décisions qui sont prises au bureau journalier ou au comité exécutif, mais également dans les instances avec les militants. Ce sont eux qui définissent les grandes lignes.
Lahoucine Ourhribel (LO): La question de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, quelles que soient leurs origines, est essentielle pour notre société. Je suis très heureux de faire partie d’une organisation créative, solidaire et ouverte sur le monde, surtout quand nous voyons la montée de toutes les ruptures et de toutes les incompréhensions auxquelles notre société fait face.
LDP: Notre «Bible», c’est d'essayer d’aboutir à des accords nationaux dans le secteur. Il y a de nombreuses PME dans les secteurs que nous couvrons et, dans ce contexte, obtenir des accords sectoriels me semble très important, même si ces accords portent actuellement uniquement sur des éléments qualitatifs. Le soutien aux travailleurs de l'industrie est essentiel en matière de sécurité et de qualité d’emploi. On veut leur donner plus de sécurité tant au niveau des revenus que du travail, ce qui passe entre autres par le droit à la formation. Nous essayons aussi d’améliorer la qualité de l’emploi tout au long de la carrière. Dans la concertation sociale, cela passe par l'amélioration du travail faisable, de l’ergonomie, ou encore, en fin de carrière, par le crédit-temps, la pension anticipée ou encore des emplois de fin de carrière pour atterrir en douceur.
LO: Face aux difficultés que rencontrent nos membres, nous devons être pragmatiques et saisir toutes les occasions qui se présentent pour améliorer leurs conditions de travail. Nous devons aussi exiger du gouvernement des réformes qui permettent aux gens d’améliorer leur pouvoir d’achat en opérant un transfert de la pression fiscale exercée sur le travail vers le capital. Les prix de l’énergie ont atteint des prix records, entrainant avec eux les prix des matières premières et des denrées de base, et mettant beaucoup de PME en danger financier et les travailleurs dans l’incertitude et la précarité. Il faudra que le gouvernement bloque les prix à un niveau correct pour maintenir l’inflation sous contrôle.
La politique industrielle
doit avant tout
s’inscrire dans
la tranSition juste.”
LO: Le contexte pré-électoral plombé par les crises successives n’a pas épargné le travail de nos militants. Les élections sociales restent cependant un rendez-vous important pour la démocratie sociale dans les entreprises, qu’il ne faut absolument pas manquer.
LDP: Il faudra trouver de nouveaux candidats de qualité qui, une fois élus, seront compétents dans leur entreprise pour soutenir les militants. C’est pour ça qu’une bonne formation des militants est essentielle. Au-delà de la formation de base, nous proposons des formations leur permettant de se perfectionner pour qu’ils soient plus forts lors des concertations sociales avec l’employeur.
LO: En collaboration avec la CSC interprofessionnelle, nous allons tout mettre en œuvre pour permettre à nos militants de réaliser de bons résultats.
LDP: Devenir un syndicat 4.0, c’est une évolution à long terme. On a beaucoup parlé avec les militants de digitalisation et d'autres thèmes en lien avec l'industrie 4.0. Mais un nouvel élément est apparu: la transition climatique. Beaucoup d'entreprises couvertes par Metea ont un impact sur le climat – le secteur sidérurgique, par exemple.
LO: Notre organisation devra faire face aux défis technologiques que ces transitions induisent, tant dans sa manière de fonctionner que dans son approche du travail, de l’emploi, des revenus et de la protection sociale.
LDP: Le prochain congrès aura d’ailleurs pour thème la transition climatique et l'industrie. Il permettra de faire le point sur la situation, d’analyser l’impact de la transition climatique sur l’industrie et les travailleurs et de lancer des idées pour prévoir un plan d’action. C’est important, parce la transition climatique et l’évolution 4.0 qu’elle appelle semblent encore loin des préoccupations des militants au quotidien.
LO: La politique industrielle, qui relève d’abord au niveau public de la politique régionale mais aussi européenne, doit avant tout s’inscrire dans la transition juste. Les défis climatiques et environnementaux doivent être considérés comme une opportunité qui permettra des investissements et de l’innovation au profit de nombreux emplois de qualité. Les employeurs devront également prendre leurs responsabilités en s’inscrivant dans la planification économique de cette transition.
LO: Nos membres et militants veulent une centrale forte dans une CSC audacieuse et porteuse de solutions. Un syndicat rigoureux et méthodique dans son organisation. La rigueur dans notre organisation doit être notre marque de fabrique dans tous les services rendus et toutes les négociations et actions menées.
LDP: Pour être prêts pour l’avenir, il est important d’adapter notre organisation. Du côté flamand, une première étape a été réalisée: depuis ce 1er janvier, les employés de nos deux secteurs de base (le métal et le non-ferreux) membres chez ACV-Puls sont devenus membres de Metea. Je trouve important que les employés et les ouvriers travaillent ensemble. Cela nous permet d’être plus forts dans les négociations au niveau de l'entreprise mais aussi d’appréhender des thématiques plus globales au sein de Metea, comme la transition climatique. Travailler de manière cohérente pour les ouvriers et les employés constitue un premier défi important. Le second défi, c’est, pour lutter contre l’érosion du nombre de membres, d’envisager avec d’autres centrales de travailler à une plus grande échelle afin d’être plus forts, tant dans les secteurs que dans les services aux membres. Ce sont des défis auxquels mes prédécesseurs ont commencé à répondre et sur lesquels je vais continuer à travailler durant ma présidence. répondre et sur lesquels je vais continuer à travailler durant ma présidence. J'envisage mon mandat avec confiance parce que je suis soutenue par des collègues en qui j’ai toute confiance.
Née à Heist-op-den-Berg, 58 ans, maman de deux enfants.
«Après mes études, je suis née professionnellement à la CSC. J'ai eu la possibilité d'évoluer dans le syndicat: secrétaire régionale à l’ACV Heist-op-den-Berg, collaboratrice service d’études CSC-Métal/ACV-CSC Metea, cheffe du service d’études puis secrétaire générale ACV-CSC Metea, jusqu’à la présidence aujourd’hui. Je n’ai pas commencé à travailler en 1988 en rêvant de devenir présidente de Metea: c'est une évolution naturelle.»
Né au Maroc, 52 ans, papa de deux enfants.
Lahoucine Ourhribel, marié et père de 2 enfants, habite la région de Charleroi où son père, qui a travaillé durant toute sa carrière dans le bassin sidérurgique carolo, a posé ses valises au début des années 70. Il a débuté en juin 96 au service chômage de la CSC Bruxelles-Halle-Vilvoorde avant de travailler quelques années au Service entreprise de la fédération bruxelloise. Fin 2003, il entre à la CSC Métal comme secrétaire régional. En 2017, il deviendra secrétaire principal de la zone N4. Depuis ce premier janvier 2023, il occupe le siège de secrétaire général sud d’ACV-CSC Metea.
© ACV-CSC Metea