La grève a marqué une unité sans faille parmi les travailleurs.
Si l’issue d’une mobilisation syndicale est toujours incertaine, certains éléments peuvent contribuer à sa réussite. L’équipe syndicale des ouvriers, employés et cadres d’AGC Moustier a collectivement décrypté les dix jours de grève qui les a menés à la victoire.
Rappel des faits: dans un contexte de réorganisation interne et de pandémie, les 600 travailleurs d’AGC Moustier avaient consenti à plus de flexibilité. Reconnaissant leurs efforts, la direction locale s’était engagée à revoir à la hausse les montants d’une prime qui devait être renégociée. En mars dernier, la direction nationale d’AGC revient sur cet accord local. Ce désaveu, empêchant toute possibilité de concertation au niveau local, est vécu par les travailleurs comme une rupture de confiance et du mépris. Ils arrêtent spontanément le travail. Les dix jours de grève aboutissent à un accord financier et social «dépassant toutes les espérances».
Front commun solide et unité
Après dix ans de «guéguerres» syndicales, la grève a marqué une unité sans faille parmi les travailleurs.
Stratégie et revendications claires
Les délégations syndicales (DS) ont très rapidement fait valider en assemblée du personnel un cahier de revendications. AGC voulait cadenasser les négociations salariales au niveau national pour décourager les initiatives syndicales locales. Les réalités professionnelles et conditions de travail étant très différentes d’un site à l’autre, il était indispensable de maintenir une action syndicale locale forte avec les travailleurs.
Les dix jours de grève
ont abouti à un
Accord financier
et social.
Construire un rapport de force
L’enjeu était de construire un rapport de force obligeant la direction nationale à négocier un accord local. Les DS étaient informées de l’impact économique de la grève (état des commandes, stocks des concurrents…). Ces informations ont permis d’adapter la stratégie en concertation avec les travailleurs.
Écoute et confiance de la base
Les DS ont tenu chaque jour des assemblées du personnel et étaient disponibles et accessibles sur le piquet. L’écoute et la confiance des délégués syndicaux vis-à-vis des travailleurs est un élément essentiel qui a permis d’aboutir à un accord favorable.
Piquet de grève vivant et organisé
La présence de plus de 80 travailleurs sur le piquet de grève – tenu 24h/24, 7j/7 – a visibilisé le rapport de force. Les travailleurs se sont spontanément rendus disponibles afin d’assurer la logistique.
Maintien de l’outil
Pendant la grève, les DS ont coordonné des équipes pour maintenir l’outil. Vu le manque de place et le blocage des expéditions, 12.000 tonnes de verre a été cassé et réinjecté dans le four, ce qui a demandé une coordination minutieuse: pendant que certains travailleurs tenaient le piquet, d’autres tenaient l’usine.
Recherche d’alliances
Les DS de Moustier étaient en contact quotidien avec les DS des autres sites d’AGC et les ont convaincus du bien-fondé de leurs revendications.
Présence médiatique
Grâce à la collaboration des DS avec les journalistes et les nombreux articles publiés, les travailleurs étaient soutenus par l’opinion publique.
Soutien et solidarité
Chaque jour, des personnes externes à l’usine passaient pour encourager les travailleurs. La DS de Saint-Gobain a rédigé une motion de soutien et envisageait un arrêt de travail en solidarité.
Reconstruction de l’action syndicale
La grève a révélé de nouveaux militants et élargi l’équipe syndicale. Certains travailleurs se sont même construits syndicalement grâce à cette action.