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L'info n°1027/05/22

Malades de longue durée
S’attaquer aux causes de l’incapacité de travail, pas au travailleur

La CSC manifeste son incompréhension totale face au gouvernement qui s’obstine à imposer des sanctions aux malades de longue durée (MLD). De telles mesures ne sont pas efficaces, plongent les malades encore plus dans les difficultés et font l’impasse sur la cause principale d’un demi-million de MLD: le refus de s’attaquer au travail qui rend malade. 


Les sanctions annoncées ne contribueront pas à remettre au travail un plus grand nombre de malades de longue durée.

Le ministre Vandenbroucke a annoncé qu’il maintenait son intention de sanctionner financièrement les MLD, et ce, contre l’avis des experts, des associations de patients et l’avis unanime des partenaires sociaux.

Pour la CSC, c’est une mesure symbolique de harcèlement, ni plus ni moins. Des études et des expériences menées à l’étranger révèlent que les sanctions en matière d’allocations ne fonctionnent pas (que du contraire) pour que les MLD retrouvent un emploi. En effet, ces derniers souhaitent eux-mêmes reprendre le travail et des obstacles tels que la barrière de la langue, des problèmes administratifs ou une situation précaire débouchent habituellement sur un manque apparent de coopération aux processus d’accompagnement. Brandir la menace d’une perte de revenu mine la nécessaire confiance à l’égard du processus d’accompagnement et rejette encore davantage dans la misère des personnes qui se trouvent déjà dans une situation très précaire. La moitié des ménages dont un membre est MLD éprouve déjà des difficultés à nouer les deux bouts et 40% d’entre eux doivent reporter des soins médicaux.

«Les sanctions annoncées ne contribueront pas à remettre au travail un plus grand nombre de malades de longue durée, explique Maarten Hermans, expert de la CSC pour les questions liées au bien-être au travail. Par contre, elles sont très efficaces pour détourner le débat des causes réelles de l’augmentation du nombre de MLD: en premier lieu la forte proportion d’emplois qui rendent malade et le vieillissement de la population.»

Miser sur la prévention

Dans l’avis unanime rendu le mois dernier à propos de la réintégration au travail des MLD, les interlocuteurs sociaux, en plus de désapprouver la démarche de sanction, constatent que les réformes positives proposées ne sont pas suffisantes. Ils invitent donc le gouvernement à s’associer à eux et à miser davantage sur des mesures supplémentaires de prévention.

Parmi les réformes positives déjà obtenues, citons par exemple l’arrêt de «la machine à licencier», qui consistait à user et abuser de la procédure de réintégration pour licencier des travailleurs malades. La CSC est heureuse de constater la disparition de cette mesure, après des pressions persistantes et après que la Cour des comptes a partagé son analyse.

La CSC continuera de s’opposer aux sanctions à l’encontre des MLD. Une question cynique reste en suspens: pendant combien de temps le monde politique s’obstinera-t-il dans sa politique du bâton?