Dans une société où les prix de l’énergie explosent et où le réchauffement climatique est palpable, le vélo constitue-t-il une alternative crédible pour remplacer la voiture dans nos trajets quotidiens et dans notre travail? Dans certains contextes, la réponse est positive.
Maxime Bruggeman
Moins de 2% des Wallons utilisent le vélo pour leur trajet domicile-travail. La distance ne semble pas constituer le principal facteur de ce faible pourcentage. En effet, la voiture reste fortement utilisée pour les trajets inférieurs à 5 km. En France par exemple, 33% des travailleurs utilisent leur véhicule pour cette distance et même pour un seul kilomètre.
Dans tous les scénarios du futur de la mobilité, la demande de transports augmente. Cette demande peut être envisagée en nombre de kilomètres à parcourir, mais aussi en nombre de trajets et en temps de transport. Des études montrent que chaque personne se déplace en moyenne une heure par jour, une moyenne identique à celle des années 50. Ce qui a changé, ce sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites, consécutives à la distance parcourue: nous sommes passés de 5 km à pied à 50 km en voiture.
Les enjeux pour 2030 et pour 2050, sont d’éviter les déplacements inutiles, de changer nos habitudes de transport et d’améliorer nos usages. Rapprocher les lieux de travail des domiciles est une des mesures indispensable à la mobilité de demain. Les centres-villes montrent déjà la marche à suivre en diminuant drastiquement la place de la voiture.
Dans ce contexte, le vélo représente le plus gros potentiel de report modal depuis la voiture. Le vélo traditionnel représente en effet une alternative crédible pour rejoindre les lieux de travail situés à moins de 5 km du domicile. Cette distance peut même monter jusqu’à 15 km avec un vélo électrique, tout en restant dans des temps de transport raisonnables. C’est d’ailleurs vers cette alternative à assistance électrique que les travailleurs se tournent de plus en plus: 50 à 60% de ces cyclistes sont d’anciens usagers de la voiture.
Quid du transport des enfants ou de charges lourdes? Le vélo offre un panel de possibilités entre les remorques, les sièges enfant et les vélos cargo. Munis d’une batterie, ces derniers peuvent facilement transporter deux voire trois enfants et permettent de déplacer des charges importantes. En ville, des services postaux et de livraison utilisent déjà ce mode de transport pour la distribution.
Le vélo est aussi une réponse pour les régions plus reculées et les campagnes: les distances de plus de 15 km peuvent être couvertes au moyen d’un vélomobile, sorte de vélo aérodynamique très rapide, ou d’un speed pedelec qui atteint une vitesse de 45 km/h (il est d’ailleurs assimilé à un scooter sur la route)! Ces deux types de vélos s’insèrent mieux dans une circulation de campagne où les vitesses sont plus importantes qu’en centre-ville. La combinaison train-vélo multiplie encore les possibilités de déplacement.
Pour que ce développement ait lieu, il faut qu’un «système vélo» soit mis en place via des politiques publiques, l’aménagement d’infrastructures, la création de points de réparations et la baisse des prix de certains modèles de deux-roues. Si, à l’heure actuelle, le vélo ne peut pas encore totalement remplacer la voiture pour nos trajets quotidiens, il a le potentiel de le faire via nos choix individuels et l’encouragement de décisions en faveur du vélo. Il répond aux trajets citadins, voire ruraux, et aux transports de charges. Le vélo constitue, dans ces contextes, une alternative crédible et indispensable à la voiture. À vos pédales!
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