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L'info n°1414/07/2023

Eupen

La vallée de la Vesdre, deux ans après les inondations

En juillet 2021, des inondations historiques ravageaient la Wallonie, emportant 39 vies et endommageant de nombreuses habitations et entreprises. Deux ans plus tard, retour sur les lieux de la catastrophe à travers trois témoignages empreints de résilience et de solidarité.

An-Sofie Bessemans (adapt. D.Mo.)

«L’eau est montée jusqu’à 1m80»

La famille Nols, vivant à Eupen, était en vacances lorsque les flots se sont déchainés.

Au départ, nous recevions des messages d’humour de notre famille et de nos amis. Mais très vite, le ton est devenu alarmant. Ils nous ont prévenu que nous ne pourrions plus rentrer dans notre maison. Nous avons pris le chemin du retour. Dans notre maison, l’eau était montée à 1m80. Tout était détruit. Comble de malheur, mon lieu de travail a aussi été touché. Je n’avais plus ni maison, ni travail. Toute mon identité avait disparu. Au début, je ne savais pas si j’avais perdu mon emploi définitivement. Très vite, l’entreprise a confirmé sa volonté de reconstruire. J’ai partagé mon temps entre ma maison et mon lieu de travail. Heureusement, nous avons été bien aidés par des amis, des bénévoles, mais aussi des collègues. La solidarité était énorme. Nous avons quand même dû attendre un an avant de pouvoir réintégrer notre maison.

«Nous continuons à apporter de l’aide»

Eliane Roofthooft, une bénévole originaire d’Overijse, apporte de l’aide dans la région depuis deux ans.

Les images tournées en Wallonie m’ont fortement touchée. Juste après les inondations, j’ai trouvé [sur Facebook] d’autres volontaires désireux d’aller aider dans les zones dévastées. Les communes d’Overijse et de Hoeilaart ont aussi mis des camionnettes et des chauffeurs à disposition. Chaque week-end, nous avons soutenu sept ou huit communes entre Liège et Verviers, en apportant des produits alimentaires, des frigos, des vélos, des lits, mais aussi du matériel pour les écoles. On voit que la situation s’améliore mais mon mari et moi continuons à apporter de l’aide à ceux qui en ont vraiment besoin. J’ai 76 ans. Remplir des cartons me maintient en forme! Nous avons noué de belles amitiés, qui dépassent les différences de langue ou de tendance politique. Certains contacts ont été très émotionnels. Une femme, brûlée au troisième degré parce qu’elle avait été en contact avec de l’eau polluée par du mazout, avait juste envie que je la prenne dans mes bras. On était en pleine période Covid, mais je n’ai pas hésité à la serrer contre moi.

«Nous avons récupéré 85% de notre capacité de production»

L’eau a fait des ravages dans la câblerie d’Eupen. Laurent Conzen, délégué syndical, revient sur cette catastrophe.

Les machines étaient recouvertes de boue. Certaines ont été entraînées par l’eau. Nous avons retrouvé des bobines dans le village voisin. Heureusement, personne n’a perdu la vie. La plupart de gens étaient en vacances. Mais, pour beaucoup, la câblerie est une partie de nous-mêmes. Beaucoup de gens ont travaillé ici toute leur vie. Quand on risque de tout perdre, on fait tout ce qu’on peut. L’entraide était énorme. Des collègues plus âgés ont proposé d’être mis au chômage pour laisser travailler les jeunes qui ont encore des prêts en cours ou des enfants à charge.

Quand on traverse le site de l’usine, les traces de la catastrophe restent visibles. Certaines machines ne sont pas encore utilisées. Des salles de réunion restent vides. Sur les murs, on voit jusqu’où l’eau est montée.

Jusque fin 2021, nous nous sommes concentrés entièrement sur la reconstruction, et la production a repris. Depuis le début de cette année, nous avons récupéré 85% de notre capacité de production. Les inondations ont semé la désolation, y compris sur le plan financier. On le voit encore au quotidien. Heureusement, nous avons des clients fidèles.

© Visie, © Guy Puttemans