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L'info n°1414/07/2023

Travailler moins et maintenir son salaire: 85% y sont favorables

À la demande de la CSC, l'Institut de recherche sur le travail et la société de la KU Leuven (HIVA) a mené une enquête auprès de membres de la CSC sur le souhait et la faisabilité pratique d'une réduction collective du temps de travail.

Patrick Van Looveren (adapt. D.Mo.)

Si des réductions collectives du temps de travail (RCTT) étaient introduites avec maintien de salaire, plus de 85% des sondés seraient intéressés. En revanche, si cela s'accompagnait d'une perte de salaire, l'intérêt serait beaucoup plus limité - 17% seulement. On entend parfois que la RCTT est plus populaire chez les francophones que les néerlandophones, mais l’enquête réfute cette affirmation. Il n'y a pas de différence significative en fonction du rôle linguistique.

Il n'y a pas non plus de différence notable en fonction de l'âge et du niveau d'éducation. En cas de perte de salaire, les personnes ayant un niveau d'éducation plus élevé considèrent le problème comme un peu moins grave, sans doute car elles peuvent mieux se le permettre financièrement.

Comment organiser la réduction collective du temps de travail?

À cette question, la majorité des sondés a répondu qu'il fallait organiser la RCTT sur base hebdomadaire (moins d'heures par semaine) ou annuelle (plus de jours de congé), ou en laissant le libre choix quant à la manière de s'organiser. Ce qui séduit moins, c'est une organisation sur base journalière (moins d'heures par jour) et certainement pas en contrepartie d'un horaire plus irrégulier.

À la question de savoir s'il est possible de travailler moins dans son secteur, la réponse varie d’un secteur à l'autre. Dans l'enseignement, 68% des personnes interrogées répondent par l'affirmative; dans la construction, ce chiffre n'est que de 40%.

Dans son «deal pour l'emploi» de l'année dernière, le gouvernement fédéral prévoit la possibilité de travailler plus ou moins d'une semaine à l'autre.

Arguments pour et contre

Dans les arguments en faveur de la RCTT, la grande majorité indique que la réduction améliorerait leur qualité de vie, et permettrait un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour les arguments «contre», la plupart évoquent la crainte de devoir faire le même travail en moins de temps. Un peu plus de la moitié pense que cette mesure compliquerait l'organisation du travail.

Que faire du temps ainsi libéré?

À cette question, les répondants ont indiqué qu'ils consacreraient plus de temps à leur famille, à eux-mêmes (se reposer) et aux loisirs. Toutefois, dans le cas d'une réduction collective du temps de travail sans maintien de salaire, 1 personne sur 4 déclare qu'elle accepterait un deuxième emploi, un flexi-job, ou se lancerait comme indépendant. Avec maintien du salaire, ce chiffre est d'à peine 5%.

Réduction individuelle du temps de travail

L'enquête a également vérifié s'il existait un lien entre difficulté à joindre les deux bouts et temps de travail (à temps partiel ou à temps plein). Il ne semble pas que ce soit le cas. Cependant, on peut supposer que cette question est liée aux revenus du partenaire. Dans une liste de réponses possibles concernant les difficultés rencontrées ou les doutes quant à la possibilité de demander un congé individuel (travailler moins de sa propre initiative), 40% ont répondu qu'ils ne l'envisageraient pas pour des raisons financières.

Mesures du deal pour l'emploi

Dans son «deal pour l'emploi» de l'année dernière, le gouvernement fédéral prévoit la possibilité de travailler plus ou moins d'une semaine à l'autre. Une courte majorité s'est montrée intéressée par cette possibilité, car cette mesure ne s'adresse qu’à un groupe-cible spécifique (coparents).

Deux tiers des répondants se sont montrés intéressés par une semaine de quatre jours, comme le prévoit aussi le deal pour l'emploi. Pour l'instant, cette semaine de quatre jours «comprimés» - le nombre d'heures de travail reste le même - ne semble pas s'implanter.

Priorités syndicales

À la question de savoir sur quoi la CSC devrait travailler, à peu près toutes les propositions de l'enquête sont considérées comme (très) importantes: augmentation du nombre de jours de congé, faciliter la prise de congé, travail à temps partiel avec maintien de salaire en fin de carrière, possibilité de travailler moins (à temps partiel), réduction collective du temps de travail avec maintien de salaire, etc. Seule la RCTT sans maintien de salaire ne fait pas partie des éléments jugés importants par la majorité des répondants. La possibilité de mieux gérer son temps fait donc certainement partie des priorités syndicales.

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