L'essentiel icon

L'essentiel

L'info n°1414/07/2023

Garantir à chaque travailleur vingt-cinq jours de congé


La Belgique est un des pays d’Europe avec le moins de congés payés.

À l’heure des grandes vacances, une série d’organisations, parmi lesquelles la CSC, appellent à cinq jours de congé payé supplémentaires.

David Morelli

Avec un minimum légal de vingt jours de congé annuels, la Belgique est à la traîne en Europe: trente jours de congé en Espagne, vingt-six au Luxembourg, vingt-cinq en France, vingt-quatre jours en Allemagne… Même en y incluant les dix jours fériés légaux, la Belgique reste encore dans le bas du classement.

Recharger les batteries

«Les congés doivent permettre de se détendre et de recharger ses batteries. C’est rarement mon cas, parce que la majorité de ces jours, je les consacre à régler des aspects pratiques pour ma famille», témoigne une travailleuse de la logistique.

Une enquête réalisée en 2022 par l’Institut de recherche sur le travail et la société de la KU Leuven a montré que 85% des membres de la CSC souhaitent plus de temps libre et de répit. «Nous voyons que ce besoin est très fort dans tous les secteurs et pour tous les âges, explique Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC. Le nombre de jours de congé payé n’a plus évolué depuis cinquante ans. Il est temps que les choses changent».

Dans ce contexte, la CSC, le Mouvement ouvrier chrétien (Moc) et son pendant flamand beweging.net, la FGTB et la Ligue des familles souhaitent garantir à chaque travailleur vingt-cinq jours de congé par an.

Le nombre de jours
de congé payé n’a
plus évolué depuis
cinquante ans.

Besoin de jours de vacances supplémentaires

Le nombre de jours de vacances n’a pas augmenté depuis 1974. Or, «le marché du travail est totalement différent, souligne Marie-Hélène Ska. Les travailleurs aspirent à davantage de temps libre pour organiser leur vie et pouvoir souffler». Ce besoin se traduit par une augmentation du nombre de demandes de crédit-temps et de congé parental: «Les jeunes travailleurs ont bien besoin de jours de vacances supplémentaires, par exemple pour s’occuper de leurs enfants, poursuit-elle. Les systèmes de congé parental et de crédit-temps entraînent aujourd’hui une trop grande perte de revenu».

Pourtant, aujourd’hui, moins de la moitié des parents (44%) bénéficient de jours de congés payés supplémentaires et, parmi eux, les parents à bas revenus sont les plus mal lotis en matière de conciliation entre travail et vie de famille. Une situation exacerbée par le fait qu’ils «ont également moins accès au télétravail, aux congés pour enfant malade, aux congés parentaux».

Plus globalement, ce sont surtout les travailleurs des PME qui doivent se contenter de ce minimum légal. «Ces cinq jours de congé supplémentaires permettraient de répondre aux besoins essentiels des travailleurs en matière d’équilibre entre travail et vie de famille, mais aussi de prévenir l’épuisement, les maladies, les burn-out parentaux et professionnels», concluent les organisations.

«Partir en voyage, c’est impossible pour moi»

Ibrahima, membre de la CSC travaillant comme magasinière dans la logistique (CP 140.03), explique pourquoi vingt jours de congé, c’est trop peu.

Les congés doivent permettre de se détendre et de recharger ses batteries. C’est rarement mon cas quand je prends des congés, parce que la majorité de ces jours, je les consacre à régler des aspects pratiques pour ma famille.

Notre patron exige aussi que nous prenions un maximum de jours séparément. Chaque année, c’est donc un vrai puzzle. On doit négocier individuellement, attendre longuement et sagement avant de pouvoir enfin prendre quelques jours de vacances avec l’ensemble de la famille. Partir en voyage pendant quelques semaines pendant mes congés, comme le font beaucoup de gens, c’est impossible pour moi.

Au travail, nous ressentons un déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Cela entraîne des tensions sur le lieu de travail et des frustrations – souvent masquées – chez la plupart des collègues. Nous nous sentons souvent dévalorisés par rapport aux employés de notre entreprise.

© Shutterstock