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L'info n°2208/12/2023

Métal et textile

Naviguer vers le futur, ensemble

ACV-CSC Metea, la centrale professionnelle de l’industrie du métal et du textile, a organisé son congrès quadriennal autour de la question de la transition juste – ou comment concilier changement climatique et industrie prospère. Ce congrès d’inspiration était l’occasion de définir les lignes de force qui guideront les actions futures.

Vinciane Pigarella

Le congrès est un évènement important pour la démocratie interne d’un syndicat. Ils étaient 600 militantes et militants à se réunir à Anvers ces 28 et 29 novembre dernier, pour réfléchir à l’avenir de la centrale professionnelle et aux actions à mettre en place pour y parvenir. Ce congrès, intitulé «Naviguer vers le futur», est la suite logique du congrès de 2019, qui avait pour thème «L’industrie 4.0».

«Le congrès permet aux militants de déterminer la voie à suivre. Il est important qu’ils contribuent à déterminer la direction que notre centrale doit prendre en la matière. Leur avis nous sert de boussole», appuie Lieve De Preter, présidente de Metea. «Les militants attendent de nous que l’on trace les lignes directrices d’un projet syndical dans lequel Metea aura sa place dans la concertation sociale. Cette transition doit être la plus juste possible et ne laisser personne sur le bord de la route», ajoute Lahoucine Ourhribel, secrétaire général francophone.

Pendant deux jours, six perspectives différentes ont été examinées de manière approfondie par les militants présents. Ceux-ci étaient invités à se rendre en train au congrès, qui avait lieu à deux pas de la gare d’Anvers Central. Grâce à une application créée pour l’évènement, les congressistes avaient accès à des traductions simultanées, des informations pratiques, des groupes de discussion, ainsi qu’aux photos prises durant ces deux jours. C’est également via cette application qu’ils ont pu voter durant les votes statutaires. Des oreillettes adaptables à tous les smartphones et des bornes de recharge étaient disponibles sur place. Un parti pris qui a permis de garder l’humain au centre des échanges.

Des thématiques qui dominent le débat climatique

Les thèmes des groupes de travail n’ont pas été choisis au hasard, puisqu’y dominait le débat climatique: l’emploi à l’épreuve du temps, l’économie circulaire, la transition juste, le financement, la position concurrentielle internationale, et la transition énergétique. En amont, les militants avaient reçu une formation de préparation sur ce qu’implique exactement le changement climatique, la réponse qu’apporte la politique actuelle en la matière, et l’importance d’avoir une transition climatique équitable.

Pendant le congrès, les militants se sont réunis en groupe de travail. Cela a donné lieu à des échanges d’expériences et de bonnes pratiques, tout en favorisant l’interaction entre les congressistes. «Le congrès est toujours un évènement important pour les militants, partage Nathalie Rodrigues, opératrice chez Trico, une entreprise spécialisée dans la fabrication de balais d’essuie-glace. Non seulement c’est intéressant, mais ça brasse des personnes d’entreprises et d’horizons différents. On participe aux congrès pour chercher des nouvelles idées, pour améliorer les conditions de travail, pour se rencontrer. On se rend compte que les problèmes rencontrés sont souvent les mêmes.»


Lieve De Preter, présidente de Metea.


L’emploi à l’épreuve du temps

Divers ateliers thématiques étaient accessibles aux congressistes. Parmi ceux-ci se trouvait l’atelier «Jobs Future-proof»1, basé sur le constat que l’industrie manufacturière se transforme à toute vitesse: nouvelles machines, nouvelles technologies, augmentation du nombre d’écrans, d’applications et de programmes… Le métier exercé aujourd’hui par les travailleurs est parfois très différent de celui appris initialement; ces changements ne sont d’ailleurs pas près de s’arrêter. Dans ce groupe de travail, la réflexion portait sur les changements successifs à prévoir au niveau des métiers et des compétences, avec comme première question «Comment penses-tu que ton métier/fonction évoluera à l’avenir?». Trois réponses-types étaient proposées aux militants: 

  1. Mon emploi actuel continuera à exister mais évoluera fortement. 
  2. Mon emploi actuel gagnera en importance. 
  3. Mon emploi actuel disparaîtra. 

Si très peu de militants (environ trois sur quarante) pensent que leur emploi est voué à disparaître, ils sont un peu plus (moins de dix) à penser que leur emploi gagnera en importance. La majorité des répondants s’accordait toutefois pour dire que leur emploi continuera à exister, tout en évoluant.


Anticiper les changements pour ne pas les subir

Si l’emploi évolue, les compétences aussi. À la question «Le contenu de mon emploi va changer. Personnellement, que ferais-je?», la majorité des congressistes s’accordent pour dire que l’employeur doit offrir l’opportunité d’apprendre ce nouveau métier. Il faut anticiper les évènements et les changements pour ne pas les subir. «Les opportunités d’emploi existent, et il ne faut pas le négliger. Mais il faut prendre en compte que certaines personnes sont en difficulté par rapport à ces changements. Par manque de formation, par exemple. Il arrive que les gens apprennent de nouvelles compétences par eux-mêmes, et là, il y a quelque chose à mettre en place. Certaines entreprises sont en retard par rapport à la formation, confie Anthony Aquilino, délégué chez Vaillant SA, entreprise de fabrication et vente de systèmes de chauffage et de ventilation. Cependant, on voit que le changement technologique imposé dans toutes les entreprises permet de créer de l’emploi. C’est plutôt positif. Mais ce qu’on voudrait dans un premier temps, c’est que la technologie serve à aider les techniciens, les ouvriers, les employés, et pas nécessairement à les remplacer. On ne peut pas lutter contre la digitalisation, mais on peut établir un juste milieu pour que ce soit une aide à notre travail et pas un obstacle».

Le besoin de formation aux nouvelles technologies a été identifié par de nombreux militants.


Lahoucine Ourhribel, secrétaire général francophone de Metea.


Impliquer les travailleurs dans la transition

Cette transition climatique juste aura lieu si l’on arrive à concilier les transitions numérique et écologique. Cette double transition va de pair, se renforce, et ne se fera pas sans les travailleurs. «Nous avons besoin d’une industrie verte et durable dans laquelle les travailleurs contribuent à piloter la transition. En effet, les travailleurs sont en première ligne des changements sur le lieu de travail et doivent être impliqués dans le processus de transition climatique de leur entreprise afin que l’on puisse parler d’une transition juste, affirme Lieve De Preter. L’industrie doit tirer parti des opportunités offertes par la transition, et dans le même temps, nous ne pouvons pas permettre que les travailleurs en fassent les frais. Nous exigeons une protection sociale digne de ce nom, et voulons participer à la concertation sociale à tous les niveaux sur la manière de concilier politique climatique et intérêts des travailleurs», conclut la présidente de l’ACV-CSC Metea.

On participe aux congrès pour chercher des nouvelles idées, améliorer les conditions de travail, se rencontrer.


Plus de 600 militants étaient présents pour réfléchir à l’avenir de la centrale.



1. « Jobs à l’épreuve du futur », en français, NDLR. 

© Photos ACV-CSC Metea et Brigitte Jaspard