Victoire syndicale historique
chez AGC Moustier
Après un mouvement de grève qui aura duré dix jours (lire L’Info n°7), direction et syndicats sont parvenus à un accord historique le 6 avril dernier.
David Morelli
Le mouvement de grève – le premier en 40 ans – avait débuté sous de sombres auspices, le message de la direction nationale d’AGC étant sans équivoque: il n’y aura rien pour les travailleurs d’AGC Moustier. Mais, elle a dû faire face, dix jours durant, à la formidable solidarité entre les travailleurs et le front commun syndical CSC-FGTB, réunis par une même légitime colère dû au manque de respect de la direction nationale de l’entreprise.
Face au rapport de force instauré par le front commun et à une mobilisation exemplairement gérée (piquet de grève, maintien de l’outil, presse, solidarité, démocratie syndicale…), la direction nationale d’AGC a cédé et donné mandat à la direction locale pour négocier. Et l’accord qui en est issu dépasse les espérances: “Un accord financier et, surtout, des accords pour consolider les conditions salariales futures de travailleurs. Il y aura même un travail pour améliorer les conditions de travail dans l’usine” déclare Aurore Joly, permanente syndicale CSC.
L’accord a été approuvé le lendemain sous un tonnerre d’applaudissements par le personnel qui a repris le travail dans la foulée. Concrètement, il prévoit, entre autres, l’obtention de trois jours de congé, de tarifs avantageux (mazout, électricité, contrat téléphonique) et le démarrage d’une analyse des risques psychosociaux par la médecine externe. Il permet également le maintien des acquis locaux et de la concertation sociale au niveau local: “Discuter avec l’employeur était un combat primordial parce qu’il permet de trouver des solutions. La direction a même indiqué sa volonté d’améliorer la concertation.”
Les 700 travailleurs et leurs organisations syndicales sortent renforcés et fiers de ce qu’ils ont accompli: “Cette grève a posé les nouvelles bases d’un nouveau AGC Moustier. Il n’est plus question de nous laisser marcher dessus. Nous avons forcé le respect de nos droits et gagné la construction d’un rapport de force”. Et Aurore Joly de conclure: “Cet accord, c’est un message d’espoir à tous les travailleurs belges. Il prouve que, même dans un contexte économique difficile, il est possible, en se mobilisant et en s’entraidant, de faire bouger les choses. Rien n’est perdu d’avance.”
“Discuter avec l’employeur était un combat primordial parce qu’il permet de trouver des solutions. La direction a même indiqué sa volonté d’améliorer la concertation.”