Le dossier

L'info n°2124/11/2023

Mettre en œuvre

la transition juste

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Les 8 et 9 novembre s’est tenue la Conférence sur la transition juste en Belgique. La CSC, demanderesse depuis des années de son organisation, y a participé. Retour sur cette question d’avenir déjà fondamentale aujourd’hui.

François Sana avec D.Mo.

Les États généraux de la transition juste ont été lancé en mai 2022 par la ministre du Climat, Zakia Khattabi. Le Haut comité scientifique pour la transition juste a été chargé d’élaborer un rapport scientifique1. Un forum pour la transition juste a réuni, en février dernier, la société civile pour débattre de la transition juste en Belgique, autour de quatre chantiers: se loger, se nourrir, se déplacer et se soigner. Une agora citoyenne a également permis à différents citoyens, travailleurs et personnes touchées par la précarité énergétique d’élaborer des solutions pour mettre en œuvre la transition juste dans notre pays. Enfin, l’administration fédérale a aussi rendu un rapport sur la transition juste.

Quatre grands chantiers

Forts de ces travaux préalables, des décideurs politiques de tout le pays, des experts universitaires, des citoyens, des représentants patronaux et syndicaux se sont donné rendez-vous lors de la Conférence pour une transition juste en Belgique. Objectif annoncé: «aborder les défis en matière d’emploi, de politique sociale, de requalification et d’économie afin d’outiller la Belgique sur le chemin qui mènera vers une société durable».

Les résultats des quatre chantiers ont permis de dégager des messages consensuels: la transition en cours est injuste; il est nécessaire de transformer en profondeur notre société; il est nécessaire d’assurer un financement à la hauteur des besoins; la crise écologique dépasse la simple question climatique; il faudrait accorder bien davantage d’attention aux personnes fragilisées; la complexité institutionnelle de notre pays n’aide pas; les citoyens veulent participer plus aux décisions; et enfin, il faut beaucoup plus de travaux scientifiques afin d’éclairer les décisions politiques. Chacun de ces messages importants mériterait une analyse détaillée. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de renforcer l’équité dans notre société. Le professeur Pisani-Ferry a notamment avancé l’idée d’un impôt exceptionnel et temporaire de 5% sur le patrimoine financier des 10% les plus riches de la population, afin de financer en partie l’effort à faire en France pour réaliser la transition écologique. Enfin, notons l’appel des scientifiques d’avoir plus de moyens pour développer des projets de recherche sur la transition juste en Belgique.

FEB: refus de dialogue

Différents avis provenant de divers conseils sur une variété de sujets ont été débattus: le genre, la solidarité internationale, les finances et investissements, les ressources et énergie, l’éducation et la formation, la lutte contre la pauvreté, l’emploi.

À ce sujet, la CSC regrette que Pierre-Yves Dermagne, ministre de l’Économie et du Travail, n’ait pu participer aux discussions, et que l’avis conjoint du Conseil national du travail (CNT) et du Conseil central de l’économie (CCE) concernant l’emploi, l’enseignement et la formation soit si limité. Il faut également constater que la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) refuse le dialogue social sur la question de la transition juste. La CSC devra en tenir compte dans sa stratégie pour avancer à ce sujet.

Objectif annoncé: «aborder les défis en matière d’emploi, de politique sociale, de requalification et d’économie afin d’outiller la Belgique sur le chemin qui mènera vers une société durable».

Un long chemin

Bart Vannetelbosch, secrétaire national de la CSC, a été invité à prendre la parole lors de la soirée de clôture afin d’exposer le point de vue de la CSC sur la transition juste. La nécessité de développer de nouvelles CCT à ce sujet a été soulignée, ainsi que l’importance de créer une commission permanente chargée de suivre et de guider la transition juste en Belgique.

En conclusion, le chemin vers la mise en œuvre de la transition juste semble encore long, et force est de constater que certains employeurs et hommes politiques n’en veulent pas.

Le grand enjeu est néanmoins que le débat sur la transition juste ne disparaisse pas après cette conférence, et qu’une concrétisation des riches propositions qui en sont issues soit réalisée aussi bien dans la politique que dans la concertation sociale, et à tous les niveaux.  

1. L’ensemble des documents en lien avec la conférence sont disponibles sur www.justtransition.be.

L’exemple espagnol

Lors de la Conférence, une représentante de l’Institut pour une transition juste en Espagne a présenté en détail les politiques développées par son pays. Les travailleurs des mines et des centrales à charbon qui ont fermé ont tous été accompagnés individuellement pour retrouver un emploi. Des emplois ont été créés, notamment dans la restauration écologique et la production d’énergies renouvelables. L’exemple espagnol est inspirant: il faudra en tirer les leçons pour mettre en œuvre la transition juste en Belgique de la meilleure des manières.