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L'info n°508/03/2024

Une austérité sans précédent pour la Belgique

Le 10 février dernier, la Belgique, qui assure la présidence de l’Union européenne, a présenté fièrement un accord sur la gouvernance économique de l’Union, conclu entre les négociateurs du Parlement européen, de la Commission européenne et du Conseil européen. Il s’agit en quelque sorte des règles budgétaires que chacun des États membres doit respecter. Cet accord peut nous réserver de très mauvaises surprises.

Maarten Gerard

Actuellement, les États membres de l’Union européenne (UE) doivent respecter deux règles économiques: leur déficit public doit être inférieur à 3% et la dette publique doit être inférieure à 60%. L’UE suit chaque année la situation de chaque pays dans le cadre du semestre européen. La Belgique figure presque systématiquement parmi les mauvais élèves. Toute une gamme de recommandations lui est adressée pour remettre de l’ordre dans ses finances, sans réelle prise en compte des conséquences sociales.

Bien que tout ne soit pas encore définitivement ficelé, le deal provisoire laisse entrevoir de nouvelles règles. Les pays dont la dette dépasse 60% devront réduire celle-ci de 0,5% chaque année. Les pays dont la dette dépasse 90%, tels que la Belgique, devront procéder à une réduction de 1%. Par ailleurs, le déficit annuel devra être ramené à 1,5% au lieu de 3%. En 2023, le déficit belge était de 4,6%. Toutefois, les dépenses cofinancées avec des investissements européens ne seraient pas comptabilisées, et la comparaison des indicateurs sociaux permettrait de s’intéresser à la convergence des objectifs sociaux.

Mais ne nous berçons pas d’illusions. Pour la Commission, la rigueur budgétaire primera toujours sur les objectifs sociaux.

27,3 milliards d’économie en sept ans

Au niveau européen, c’est un montant de 60 à 100 milliards qui devrait être économisé chaque année par les États membres en vertu des nouvelles règles – alors que la guerre en Ukraine, les crises à Gaza et en mer Rouge, ainsi que les injections massives d’argent par les États-Unis pour préserver leur économie rendent la situation économique particulièrement incertaine.

Pour la Belgique, il s’agira d’économiser 27,3 milliards en sept ans, soit 3,9 milliards par an (0,65% du PIB). Puisque l’UE ne fait pas de distinction entre les différents niveaux de pouvoir, l’effort devra donc être réparti entre les différentes entités du pays.

Dans ces conditions, obtenir des moyens pour financer la nécessaire transition énergétique ne sera pas une sinécure. Pire, il nous faudra tout mettre en œuvre pour défendre nos acquis. Nous savons qu’une partie du monde politique réclame depuis longtemps des coupes sombres dans la sécurité sociale. Certains disent déjà que ces indispensables efforts peuvent ouvrir la voie à une réforme des pensions, laquelle ne serait pas positive. Ces envolées montrent aussi l’illogisme de certains discours idéologiques. En effet, l’éventuelle économie qui résulte d’une réforme des pensions n’apparaît pas directement, mais bien à long terme.

C’est un gouvernement d’affaires courantes qui devra confectionner le premier budget l’an prochain. Ce ne serait pas la première fois que les affaires courantes nous protègeront peut-être contre une politique d’austérité trop rapide. 

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Puisque l’UE ne fait pas de distinction entre les différents niveaux de pouvoir, l’effort devra donc être réparti entre les différentes entités du pays.