L'essentiel icon

L'essentiel

L'info n°424/02/23

L’industrie belge
se porte mieux que prévu

Une analyse de l’institut pour le développement durable (IDD) indique que l’industrie belge se porte étonnamment bien.

David Morelli

L’analyse par l’IDD des données Eurostat (novembre 2022) montre que l’industrie belge1 produit et vend plus qu’en 2019, plus que ses voisins, et pour un prix de vente plus élevé. Ce qui implique plus de recettes. 

Fin 2022, malgré la hausse des prix, le niveau de production était de 15% supérieur au niveau pré-Covid. Depuis 2019, la Belgique fait mieux que ses voisins, dont certains voient leur production industrielle se réduire. Il ne semble donc pas y avoir de problème de compétitivité à court terme. Cela n’empêche pas les employeurs de continuer à mettre la pression sur le mécanisme d’indexation automatique des salaires. «À court terme, du fait de l’indexation, nos salaires ont augmenté plus vite qu’ailleurs… mais on a continué à vendre beaucoup plus qu’ailleurs. Le maintien de la compétitivité ne se joue actuellement pas du tout sur le coût du travail, explique Olivier Malay, du service d’études de la CSC Alimentation & Services, qui a contribué à cette analyse. À moyen terme, cela ne devrait pas non plus avoir un impact sur la compétitivité: les salaires dans les autres pays vont augmenter et atteindre le rattrapage des salaires permis par l’indexation.»


Croissance exceptionnelle des bénéfices

Les augmentations de prix de vente entre 2021 et fin 2022 étaient largement supérieures à l’augmentation des coûts de production. La hausse de la production et des prix ont entraîné une croissance exceptionnelle des bénéfices des grandes entreprises. 

Rien qu’entre 2021 et mi-2022, on note 25 milliards d’euros de surprofits, c’est-à-dire des profits en plus de ceux effectués fin 2019, surtout dans l’industrie. «Les grandes entreprises font d’énormes surprofits, tandis que les plus petites structures connaissent de vraies difficultés. La situation était moins déséquilibrée auparavant.» La CSC a déjà pointé l’absence de mécanisme de solidarité entre les entreprises qui font du profit et celles en difficulté.

Il y a beaucoup d’argent dans certaines entreprises - l’indexation ne nuira pas à leur compétitivité.

L’industrie belge est-elle en difficulté?

Tant du point de vue de la production que de la compétitivité à court terme ou de la rentabilité, les données Eurostat indiquent que l’industrie belge se porte bien. Dès lors, les indexations salariales du 1er janvier 2023 peuvent-elles nuire à la situation favorable? En comparaison avec les surprofits, les 4 milliards que coûte l’indexation ne devraient pas affecter fondamentalement la situation.

«L’analyse détaillée des secteurs permet de démontrer que, contrairement à ce que répète le patronat, il y a beaucoup d’argent dans certaines entreprises et que l’indexation ne nuira pas à leur compétitivité. Dans ce contexte, il faudrait permettre soit l’application d’une surtaxe sur les profits, soit une augmentation des salaires» conclut M. Malay.

1. Industries manufacturières, extractives, et production de gaz, électricité, de vapeur et d’air conditionné. La dynamique présentée se retrouve également dans la plupart des secteurs industriels tels que le pharmaceutique, l’alimentaire, voire le métal pour ce qui concerne les hausses de prix.

© Shutterstock