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L'info n°112/01/2024

Être délégué, j’ai ça en moi!

Moussa, 52 ans, est électromécanicien depuis cinq ans chez CP Bourg (Court-Saint-Étienne), un fabricant de machines de finition destinées au marché de l’impression. Il termine cette année son premier mandat, durant lequel il a porté les trois casquettes: délégué, CE et CPPT.

Propos recueillis par David Morelli

Pourquoi t’être lancé dans l’aventure syndicale?

Avant, à dire vrai, je regardais les syndicats de loin, avec des a priori négatifs. Mais mes collègues m’ont poussé à franchir le pas car ils avaient besoin de quelqu’un dans la délégation. Après avoir pris le temps de réfléchir, j’ai décidé d’essayer!

Quel bilan en tires-tu?

Personnellement, beaucoup de positif. Je suis quelqu’un de sociable, qui aime apprendre. En délégation, J’essaie de défendre mes collègues, de comprendre, d’expliquer leurs problèmes et de trouver des solutions, des alternatives… Ça m’apporte un enrichissement personnel parce que je commence à prendre confiance en moi, entre autres pour parler en public. Je n’ai plus peur de poser des questions à la direction et de les confronter sur certains problèmes. Je serai candidat pour un second mandat.

Que fais-tu au quotidien en tant que délégué?

Tout d’abord, c’est important d’avoir une bonne délégation syndicale en entreprise: alors que tout était dématérialisé avec le Covid, nous, nous étions sur place, pour écouter les demandes des travailleurs et essayer de les solutionner. J’ai la chance, étant électromécanicien, d’être en contact avec tous les collègues ouvriers, car je passe régulièrement dans toutes les lignes de production de l’entreprise pour entendre ce qu’ils attendent de nous, les problèmes à faire remonter à la direction. Nous nous voyons ensuite avec mon collègue pour discuter de ce qu’on peut présenter ou pas lors de réunions avec la direction. Après une réunion avec la direction, je reviens toujours vers mes collègues pour faire le suivi de leurs demandes.

Qu’est-ce qui caractérise selon toi un bon candidat délégué?

Je pense qu’il faut avoir ça en soi et aimer les autres. Je ne supporte pas de voir un collègue remercié pour des raisons qui ne sont pas justes. Mais ce n’est pas un job qui est facile. Il faut accepter les critiques de collègues, qui peuvent être dures, parce qu’on n’a pas été dans leur sens ou que l’on n’a pas obtenu ce qu’ils souhaitaient. Je ne suis pas Superman. Je ne peux pas changer tout ce qui ne fonctionne pas dans l’entreprise mais j’essaye de représenter du mieux que je peux mes collègues auprès de la direction.

Comment les délégués sont-ils soutenus dans leur travail?

Les futurs délégués vont beaucoup apprendre. Ils vont ressortir grandis personnellement de cette expérience et des contacts avec les travailleurs. Et la CSC va les soutenir, entre autres, grâce à des outils, des formations… Ils pourront également compter sur l’équipe syndicale: dans notre équipe, nous sommes à deux au niveau ouvrier, et un délégué CNE1 pour les employés. Ils m’ont beaucoup épaulé grâce à leur connaissance de l’historique de l’entreprise. J’ai également une permanente que je peux appeler directement ou via un groupe WhatsApp en cas de question ou de problème.

Je pense qu’il faut avoir ça en soi et aimer les autres. Je ne supporte pas de voir un collègue remercié pour des raisons qui ne sont pas justes.

Quelle avancée obtenue durant ton premier mandat pourrais-tu mettre en avant?

On a essayé d’installer un climat apaisé avec la direction. Les relations étaient extrêmement tendues précédemment. Aujourd’hui, on est plus dans le dialogue que dans la confrontation. On peut ne pas être d’accord, mais nous nous respectons mutuellement.

1 Centrale nationale des employés, NDLR.


© D.Mo.