Le dossier

L'info n°1920/10/2023

Défis et opportunités

du Green Deal

Le dossier icon

Quels sont les perspectives et les impacts du Green Deal européen sur le secteur ouvrier? Focus sur ce plan ambitieux.

Phanny Moray

En 2019, l’urgence climatique est déclarée par le Parlement européen. En réponse à cela, l’Union européenne lance alors le plan le plus ambitieux jamais imaginé: le Green Deal européen. Son but premier est de faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Cela signifie que tout ce qui sera émis au niveau du territoire européen en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) devra être stocké quelque part, par exemple dans la végétation. Mais pour réussir à capturer toutes les émissions, il faut les diminuer drastiquement – planter des arbres ne résoudra pas le problème…

Puisque 2050 parait bien loin, l’UE a fixé un objectif intermédiaire: réduire de 55% les émissions de GES d’ici 2030. Une série de réformes et de mécanismes sont donc prévues, avec pour effet que polluer deviendra plus cher que d’investir dans des techniques plus performantes énergétiquement. Dès lors, si les entreprises européennes souhaitent garder leur part de marché et rester compétitives, elles doivent s’adapter aux nouvelles contraintes du marché.

-55%

C’est l’objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

L’équilibre carbone

Afin de ne pas pénaliser les entreprises européennes qui devraient supporter des coûts plus élevés dus à ces réformes, l’UE a prévu un «mécanisme d’ajustement carbone aux frontières». En effet, la production à forte intensité carbone pourrait se déplacer vers les pays dont la politique climatique est moins stricte.

Pour éviter cela, l’UE a décidé de taxer les importations de biens produits hors Europe qui seraient non conformes aux nouvelles exigences européennes. Cela permettra d’équilibrer la balance, de rétablir la concurrence, et d’inciter les autres pays du monde à également investir dans des techniques plus propres si elles souhaitent diminuer leur coût.

Impacts sur l’emploi

Les secteurs de la sidérurgie, des cimenteries, du verre et de la (pétro-)chimie sont les principaux émetteurs de GES en Belgique.

Les travailleurs de ces secteurs ont des préoccupations légitimes (lire en page suivante) quant aux conséquences potentielles de cette transition: délocalisations, viabilité économique, impact sur les emplois actuels… Néanmoins, la mise en place de mécanismes pour préserver la compétitivité européenne offre une vision plus nuancée. La transition vers une économie verte offre également des opportunités significatives. Les nouvelles orientations vers les énergies renouvelables, la rénovation énergétique et la mobilité durable peuvent ouvrir de nouveaux domaines d’activité et, potentiellement, générer plus de créations d’emploi que de suppressions.

Et le syndicat?

Les militantes et militants sont préoccupés par l’impact financier injuste de cette transition sur les ménages à faible revenu. On sait pourtant que l’inaction face au changement climatique pourrait entraîner des coûts plus lourds (catastrophes naturelles, problèmes de santé, etc.) que les investissements nécessaires pour cette transition.

Le Green Deal doit servir à bâtir une économie durable et équitable pour tous. La CSC a un rôle crucial à jouer dans cette transformation en œuvrant à une transition inclusive, en plaidant pour des règles justes, en soutenant les travailleurs pour les emplois verts, en favorisant leur implication dans les décisions.

En restant informés, engagés et attentifs aux opportunités qui se présentent, les travailleurs peuvent jouer un rôle actif dans la construction d’une économie plus respectueuse de l’environnement et équitable pour tous. 

Un dossier sur les enjeux de la décarbonation en région wallonne sera publié dans un prochain numéro de L’Info.