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Plus de 6.500 travailleurs sont décédés dans la construction des infrastructures pour accueillir la Coupe du Monde.
Le quotidien britannique The Guardian s’est appuyé sur les sources publiques de cinq États d’où proviennent les migrants. Plus de 6.500 travailleurs contractuels originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sont morts dans cet État du Golfe. Le nombre de morts serait cependant beaucoup plus élevé.
Nancy Gevaert (WSM)
Officiellement, seuls quelques dizaines de décès sont liés à la construction des stades. 69% sont considérés comme des décès naturels dus à une défaillance cardiaque ou pulmonaire. Cela n’a rien d’étonnant lorsqu’il faut effectuer de lourds travaux physiques dans un pays où une température estivale de 50 degrés est jugée trop élevée pour jouer au football pendant 90 minutes!
Plus d’un million de Népalais travaillent dans les pays du Golfe. L’étude du Guardian estime que 1.641 d’entre eux sont morts au Qatar ces dix dernières années. Malgré l’horreur de l’esclavage moderne, de la discrimination et de l’exploitation, ils n’ont pas d’autre choix que de partir. Comme travailleurs migrants, ils apportent une contribution substantielle à la société népalaise. L’argent que ces fils et ces filles envoient au pays représente plus d’un quart du PNB total du Népal. Presque autant que l’agriculture et un peu plus que le tourisme!
1.641
travailleurs népalais sont morts au Qatar ces dix dernières années.
1. Extrait de l’article «Une fête assombrie par au moins 6.500 morts» publié dans le magazine de la CSC Syndicaliste n°942.
V.J. est un travailleur népalais de 42 ans. Ce membre d’un Gefont Support Group qui réunit des travailleurs et travailleuses migrants népalais au Qatar et les sensibilise à la législation du travail, raconte:
« Cela fait 15 ans que je travaille au Qatar et j’ai déjà changé trois fois d’employeur. Auparavant, c’était très difficile de le faire, car il vous fallait obtenir un Certificat de non-opposition1. Ces dernières années, chercher un autre emploi est devenu plus simple et je peux à présent quitter le Qatar sans avoir à demander d’autorisation. Il subsiste toutefois encore de nombreux employeurs qui induisent leur personnel en erreur en prétextant que cette autorisation est toujours requise pour changer de travail. Ils menacent les personnes migrantes et leur disent que, si elles le font tout de même, elles seront déportées vers leur pays d’origine. La majorité des travailleurs et travailleuses étranger(e)s ne connaissent pas ou pas suffisamment les nouvelles réglementations ni leur application dans la pratique. Certaines entreprises comptent certes des comités de défense des travailleurs et travailleuses, mais la plupart des personnes migrantes n’ont aucune possibilité de faire entendre leur voix, car les syndicats ne sont toujours pas autorisés dans le pays. »
source: Témoignage issu de l’article «Les travailleurs et travailleuses migrantes sont les véritables champion(ne)s de la Coupe du monde de football au Qatar» de Jeroen Roskams (WSM) publié dans «De Gids op Maatschappelijk Gebied».
1. Certificat donné par l’employeur qui parraine un travailleur migrant pour lui permettre de changer d’employeur, ndlr.
© Jean-Luc Flémal/Belpress.com
