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L'info n°1525/08/2023

WALLONIE–BRUXELLES

Écoles: le personnel d’entretien sous pression

Lors de la rentrée scolaire, les élèves de tous âges retrouveront leur école, leurs classes, leurs ateliers, leurs labos, leur réfectoire, leur cour… Des rénovations, du grand nettoyage, ou encore des travaux de peinture auront peut-être été effectués durant l’été pour leur offrir un meilleur cadre d’apprentissage. Les travailleurs qui se cachent derrière l’entretien de ces bâtiments sont pourtant mis sous pression.

Donatienne Coppieters


Le 28 juin dernier, le personnel a manifesté devant le ministère de la FWB

Ce personnel ouvrier nettoie, cuisine, sert les repas, effectue des réparations de tous ordres… et est peu considéré. Dans le réseau de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), les ouvriers nommés sont payés directement par le ministère. Mais le ministre-président de la FWB, Pierre-Yves Jeholet, et la ministre de l’Éducation en FWB, Caroline Désir, souhaitent que les ouvriers soient payés directement par les écoles, tout en diminuant la dotation globale prévue pour payer à la fois les charges d’énergie et le personnel ouvrier.

Des travailleurs, pas des machines

Le 28 juin dernier, une partie de ce personnel était en grève et manifestait devant le ministère de la FWB, à Bruxelles. Patrick, 60 ans, travaille comme ouvrier polyvalent depuis près de 27 ans dans une école d’hôtellerie à Spa. Délégué CSC Services publics personnel, il participait à la manifestation: «Comme hommes d’entretien, nous faisons treize corps de métiers différents: éboueur, déménageur, menuisier, maçon, plafonneur, coffreur, électricien, électronicien, chauffagiste, carreleur, jardinier… Dans notre école, il y a trois statuts différents: les nommés, les statutaires temporaires, et les contractuels de remplacement. Les nommés sont payés par le ministère, mais celui-ci voudrait que même les nommés soient payés par les écoles. En même temps, il veut diminuer la dotation de 30 millions, échelonnés sur dix ans, à partir de 2023. On est déjà en sous nombre actuellement. En septembre, on risque de ne pas réengager les contractuels. Après, on va commencer à virer les statutaires temporaires. Avec moins de personnel, le travail sera remis sur le dos des autres. Mais on n’a que deux mains, et on vieillit tous. On demande la même chose aux personnes de 20 et de 60 ans. On n’est pas des machines. Dans les écoles liées aux secteurs alimentaires, l’Afsca descendra et obligera la fermeture des ateliers, parce qu’on ne pourra plus les entretenir.»

Économies sur le dos des ouvriers

Pierre Boulanger, secrétaire permanent à la CSC Services publics de la Communauté française, explique la teneur de cet avant-projet de décret: «Le texte proposait que le personnel ouvrier définitif Wallonie-Bruxelles Enseignement soit payé directement via le comptable des écoles, et des baisses de dotations supplémentaire à hauteur de 5,5 millions d’euros par an de 2025 à 2032. Les dotations vont déjà diminuer progressivement, pour atteindre 30 millions en moins en 2032. Cette économie se fera donc sur le dos des ouvriers, ce qui mettra en péril les emplois des temporaires si la dotation n’est pas suffisante aux besoins de l’établissement scolaire, et provoquera d’autres dérives. 2.000 emplois sont menacés endéans les trois ans. Avec une diminution de trois millions de dotation dès septembre, il y aurait déjà des licenciements. Il est totalement inacceptable que la seule variable d’ajustement budgétaire envisageable et envisagée par le gouvernement soit inévitablement le personnel ouvrier.»

Une délégation a rencontré les ministres pendant la manifestation, mais n’a obtenu comme avancée qu’un sursis de transfert des paiements en 2032.

© Donatienne Coppieters

Avec moins de personnel, le travail sera remis sur le dos des autres.