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L'info n°1110/06/22

Congrès Wallon : tracer les grandes

lignes du bien-vivre en Wallonie

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Les 20 et 21 mai derniers, la CSC wallonne tenait son troisième congrès à Houffalize. Son thème: le bien-vivre.

David Morelli

Un congrès est un moment important pour les travailleurs et les travailleuses, avec et sans emploi, de Wallonie. Les politiques économiques, sociales et environnementales agissent en fonction d’objectifs dont on peut mesurer l’avancement par des indicateurs. Trop souvent, ceux-ci ne rencontrent pas les priorités de la CSC. À l’occasion de son troisième congrès, la CSC wallonne entendait préciser ses propres objectifs et indicateurs, confirmer et affiner son projet, mais aussi en préciser les modalisations concrètes sur la base des priorités définies par les travailleurs avec et sans emploi.

Mise en contexte

En introduction aux lignes de force de son congrès 2017, la CSC wallonne déclarait le consacrer à «la Wallonie que nous voulons demain». Cette ambition était déclinée de la manière suivante: «Une Région prospère, une terre de bien-être pour toutes et tous, aujourd’hui, mais aussi pour les générations futures, une Région engagée dans la transition et dans un projet de progrès social visant une société plus égalitaire et plus démocratique.»

Cinq ans plus tard, à la lumière de ce qu’ont vécu durant ce temps les Wallonnes et les Wallons, ce projet reste d’actualité et la nécessité de le faire progresser s’est même considérablement renforcée. La 6e réforme de l’État a donné à la Wallonie la maîtrise de nouveaux leviers politiques, par exemple, en matière d’allocations familiales, de politique de l’emploi, de formation, d’accompagnement et de soins des aînées et des aînés. 

La régionalisation lui a aussi transféré des moyens financiers importants, mais insuffisants au vu des défis auxquels la Région est confrontée. D’autant que la crise sanitaire et les inondations ont imposé de considérablement mobiliser les budgets publics. La Wallonie détient désormais un pouvoir fiscal qu’elle utilise trop peu pour mener des politiques sociales et environnementales ambitieuses, en faisant participer davantage les revenus élevés et les gros patrimoines à l’effort collectif. 

L’idée centrale du bien-vivre est de faire primer la communauté sur la propriété.


Plus de 300 congressistes ont discuté de l’avenir que la CSC wallonne veut construire pour la Wallonie.

Bien vivre

Alors que la pandémie a mis en évidence l’importance des liens sociaux et de la cohésion sociale, notamment au travers du travail, et face au constat que les inégalités et la précarité augmentent, la CSC wallonne a décidé de prolonger la réflexion de son congrès précédent en consacrant celui de 2022 à un concept de «Buen vivir» (bien vivre) emprunté aux peuples indigènes d’Amérique du Sud.

L’idée centrale du «Buen vivir» est de faire primer la communauté sur la propriété. Il considère qu’un développement humain durable ne peut se faire qu’en harmonie avec la nature et qu’il doit s’appuyer sur une vie communautaire faite d’entraide, de solidarité, de responsabilités partagées et de production collective au bénéfice de toutes et tous.

Durant ce congrès, la CSC wallonne a tracé les grandes lignes de ce que devrait être le bien-vivre en Wallonie pour les années qui viennent: une économie résolument tournée vers le développement humain et respectueuse de l’environnement, une redistribution des richesses permettant la prospérité partagée, une société de bien-être et une qualité de vie garantissant la cohésion sociale, des biens et des services collectifs de qualité et accessibles à toutes et tous.

Deux journées d’avenir

C’est sur cette base que quelque 300 congressistes venus des centrales professionnelles, des fédérations régionales et des groupes spécifiques (Seniors, Diversité, Travailleurs sans emploi (TSE), Femmes et Jeunes CSC) ont discuté de l’avenir que la CSC wallonne veut construire pour la Wallonie.

Lors de la première journée, les congressistes ont travaillé essentiellement en quatre sections, visant à définir les lignes de force de la CSC pour les quatre années à venir, à travers quatre champs d’action: la transition juste, la formation tout au long de la vie, les biens et les services collectifs et la démocratie sociale.

Les préoccupations essentielles pour la CSC wallonne traversent ces quatre champs d’action. Parmi celles-ci, on retrouve: 

  • la création d’emplois durables et de qualité pour toutes les Wallonnes et tous les Wallons en âge et en capacité de travailler;
  • l’exigence de l’égalité entre les femmes et les hommes;
  • la volonté d’assurer l’inclusion numérique, et de garantir la cohésion sociale;
  • la nécessité d’appuyer toutes les politiques wallonnes sur de nouveaux indicateurs économiques, sociaux et environnementaux illustrant le bien-vivre.

Ces lignes de force permettront à la CSC wallonne de renforcer son action syndicale.


Le bien-vivre passe par un développement humain durable en harmonie avec la nature.

Le lendemain, lors d’une séance plénière, les lignes de force du congrès, résultat d’une très large consultation démocratique en amont et durant le congrès, ont été adoptées et définitivement ratifiées. Les résolutions d’actualité et d’activité ont également été votées. Ces résolutions constituent en quelque sorte le plan de travail de la CSC wallonne pour les années à venir. 

Ces lignes de force et ces résolutions d’actualité et d’activité lui permettront en effet d’être en ordre de bataille pour renforcer son action syndicale.

C’est également lors de ce congrès que Bruno Antoine a remis officiellement les clés de la CSC wallonne à Pierre Cuppens (lire page 5), son nouveau président, ainsi qu’aux deux nouveaux vice-présidents, Isabelle Barez et Felipe Van Keirsbilck.


© Photos : Aude Vanlathem et Jean-Luc Flémal/Belpress.com