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L'info n°1110/06/22

«C’est en étant soudés que l’on fera avancer les choses»


Pierre Cuppens, nouveau président de la CSC wallonne.

Rencontre avec Pierre Cuppens, le nouveau président de la CSC wallonne, quelques jours avant la passation de pouvoir entre Bruno Antoine et lui, à l’occasion du congrès wallon.     

Propos recueillis par David Morelli

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle fonction?

Je suis très fier qu’une organisation comme la CSC permette à des gens venant d’un secteur manuel de devenir président de la CSC wallonne. Cette fonction demandera un grand investissement. J’ai donc bien réfléchi avant de poser ma candidature vis-à-vis des personnes avec lesquelles je travaille à la CSCBIE, où je garde par ailleurs ma fonction de secrétaire général.

Le contexte dans lequel vous prenez vos fonctions est particulièrement difficile.

Économie, Covid, guerre en Ukraine… Une crise n’est pas terminée que l’autre est déjà là. Dans ce contexte, la Wallonie et la CSC wallonne doivent avoir leur juste place. La CSC a besoin d’une Wallonie forte et la Wallonie d’une CSC forte. Ce n’est que comme ça que l’on peut faire bouger les choses. Nous avons l’expertise, la force et une organisation solide et efficace. De plus, la CSC est le plus grand syndicat en Wallonie et en Belgique! C’est utile de le rappeler à certains partis dans le cadre, par exemple, de la concrétisation du Plan de relance wallon (PRW). En tant qu’acteur syndical majeur, nous devons continuer à travailler pour faire entendre notre voix et notre expertise.

Est-ce que la concertation sociale constitue un levier majeur pour faire évoluer positivement les politiques vis-à-vis des travailleurs?

La concertation avec les employeurs, et avec le monde politique, est un aspect important de notre travail. Aujourd’hui, suite aux différentes réformes de l’État, il est important d’avoir une concertation sociale au niveau des régions tout en gardant la ligne globale CSC, parce qu’on est avant tout une grande famille. Il faudra trouver le juste équilibre pour rassurer l’ensemble de la famille CSC vis-à-vis, par exemple, d’un organe en pleine mutation, comme le Groupe des partenaires sociaux wallons, qui travaille actuellement sur le PRW. Ce n’est pas un deuxième Groupe des dix.

Dans ce contexte, le mot «union» n’a jamais eu autant d’importance. C’est en étant une équipe soudée que l’on pourra faire avancer les choses. La CSC est une grande machine dont il faut sans cesse tenter d’améliorer l’efficacité tout en respectant l’autonomie des organisations qui la composent. Je suis convaincu que l’on peut y arriver. Il y aura, bien sûr, des divergences ou des points de tension sur certains points. C’est normal. Mais à côté de cela, les centrales et l’interprofessionnel sont à 98% d’accord sur l’ensemble des sujets. On doit continuer comme cela et valoriser le travail qui est réalisé. C’est à la fois la beauté et la difficulté des grandes organisations. Mais je sens que tout le monde autour de moi est motivé pour jouer dans cette grande pièce.

La CSC a besoin d’une Wallonie forte
et la Wallonie d’une
CSC forte.

Quelles seront les priorités de la CSC wallonne?

Ces priorités sont définies lors du congrès de la CSC wallonne, [L’Info reviendra sur ces priorités dans un prochain numéro, NDLR]. Mais, sans préjuger du résultat des votes, une de mes priorités est de trouver des solutions avec tout le monde pour alléger la pression qui pèse sur les militants, les délégués et les membres du personnel de l’interprofessionnel et des centrales. Avec ces crises à répétition, il y a une charge de travail considérable. Nous avons la responsabilité de trouver les solutions les plus appropriées pour faire en sorte que nous puissions rebondir de la meilleure des manières. Le PRW, sera également, c’est une évidence, une priorité.

De quelle équipe serez-vous entouré?

Pour moi, il faut renforcer la grande union qui définit la CSC: celle de l’interprofessionnel et du professionnel. La CSC a deux jambes qui lui permettent d’avancer et il est important que cette marche reste coordonnée. La CSC wallonne, c’est un projet qui doit être porté en équipe. Cet aspect est très important pour moi. Il y a d’une part l’équipe qui conduira la CSC wallonne durant les quatre prochaines années: Isabelle Barrez à la première vice-présidence, Felipe Van Keirsbilck à la seconde, et moi à la présidence. Il y a évidemment d’autres acteurs majeurs, comme Marc Becker qui représente la continuité de la CSC wallonne. Il faut que les personnes qui portent l’équipe soient unies comme les cinq doigts de la main.

D’autre part, il y a l’équipe au sens large, c’est-à-dire les représentants des centrales et de l’interprofessionnel. Il y a là des compétences incroyables en matières économiques, juridiques… On peut aller puiser dans cette expertise les meilleures réflexions et, encore mieux, les mettre en valeur pour donner du poids et de la visibilité à nos positions. Le travail effectué par Bruno en la matière a été colossal. Il ne faut pas arrêter cette avancée car il y a encore un certain pan politique qui ne prend pas suffisamment en compte ce que nous pouvons amener. La CSC wallonne a un grand besoin de faire encore plus entendre sa voix. On doit tous apporter notre pierre à l’édifice et parler d’une seule et même voix. 

Comment envisagez-vous votre présidence?

Je mesure avec justesse le travail qui a été accompli durant la présidence de Bruno et j’ai pleine confiance en l’équipe. Je ne veux pas être un président sur son perchoir qui sait tout, connaît tout et qui fera tout, tout seul. Le travail d’équipe sera primordial: je me mets au service de l’ensemble de la CSC pour ce mandat de quatre ans. Avec l’équipe, au sens large, on va continuer le travail déjà entamé sur le terrain.

La CSC wallonne,
c’est un projet qui doit être porté en équipe.

L’ancien manœuvre désormais à la manœuvre

Né à Liège et âgé de 57 ans, Pierre Cuppens est marié à Fabienne, qui est infirmière, et papa d’Audrey, assistante sociale. Gradué dans le secteur de la construction comme technicien de chantier, il a commencé comme manœuvre dans une entreprise de construction. Les conditions de travail et le manque d’information données aux travailleurs ont rapidement titillé son militantisme naissant. À 21 ans, il devient délégué syndical sur chantier et y trouve une véritable passion dans laquelle il s’investit pleinement. Suite à un grave accident lors d’une visite de chantier, il doit renoncer à travailler dans la construction. Fort de ses dix années de militantisme, la CSCBIE lui propose de passer les examens pour devenir permanent. Quatre ans plus tard, la charge de responsable national pour la CSCBIE lui est confiée. L’année suivante, il devient secrétaire national et, en 2009, secrétaire général de la CSCBIE, fonction qu’il continuera à assurer parallèlement à sa présidence de la CSC wallonne.

© Photos : Aude Vanlathem