Le 12 décembre prochain, des militants syndicaux européens manifesteront à Bruxelles contre les nouvelles règles budgétaires européennes qui marquent le retour à l’austérité.
David Morelli
Les syndicats européens se mobilisent à nouveau contre l’austérité.
En 2020, pour faire face aux retombées économiques et sociales de la pandémie, l’Union européenne avait décidé d’activer la clause de sauvegarde, et de suspendre le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) dont les règles budgétaires corsètent depuis des années les politiques publiques. Comprenant que les politiques d’austérité, réponse catastrophique à la crise de 2008, ne permettraient pas de combattre la crise du Covid-19, l’UE a cette fois-ci adopté une approche plus efficace et solidaire… du moins jusque début 2024, date à laquelle la suspension devrait prendre fin.
Concrètement, les règles budgétaires du PSC devraient être rétablies en janvier. Même si des propositions sont faites pour les modifier, elles impliqueraient toujours que les États membres dont le déficit budgétaire dépasse 3% du PIB le réduisent d’au moins 0,5% chaque année. Ce nouveau pacte de stabilité et de croissance obligerait quatorze États membres, parmi lesquels la Belgique, à réduire leurs dépenses. Avec, à la clé, le risque de pousser nos systèmes nationaux vers des politiques restrictives qui entravent les investissements économiques et sociaux essentiels.
Le retour de ce Pacte pose question, car si la pandémie est désormais derrière nous, elle a laissé la place à d’autres crises. En raison de celles-ci, de nombreux citoyens européens ont du mal à terminer leurs mois, face à l’augmentation du coût de la vie. Les salaires restent inférieurs à l’inflation dans de nombreux pays, tandis que les bénéfices des entreprises ont augmenté, avec à la clé, un énorme transfert des revenus du travail vers ceux du capital. Les attaques contre les droits syndicaux et les conditions de travail participent à l’aggravation de ces crises.
Dans ce contexte, la Confédération européenne des Syndicats (CES) et les syndicats européens ont pris la décision de poursuivre leur campagne d’action contre les mesures d’austérité de l’UE qui obligeraient certains pays à réduire dès l’année prochaine leurs dépenses de 45 milliards d’euros.
La CES demande une prolongation d’une année supplémentaire de la suspension des règles budgétaires de l’UE pour permettre un débat approfondi sur les conséquences et les alternatives au rétablissement de l’austérité. Il s’agit en effet d’assurer que les États membres puissent procéder aux investissements indispensables à la transition vers une économie verte et numérique, tout en maintenant un niveau adéquat de dépenses courantes. Des emprunts européens communs et une règle d’or en matière d’investissements publics sont nécessaires.
Ces derniers mois, les travailleurs européens ont manifesté avec les mêmes revendications: des augmentations de salaire, des emplois décents, une augmentation des investissements publics, des pensions dignes, de meilleurs services publics, une plus grande justice fiscale, et l’égalité entre les femmes et les hommes. Le 13 octobre dernier, une manifestation syndicale a réuni 20.000 personnes à Paris (à lire dans L’Info n°19).
Le 12 décembre prochain, la CSC et des militants syndicaux issus de toutes l’Europe manifesteront dans le quartier des institutions européennes à Bruxelles pour faire entendre leurs voix, leur slogan «Ensemble pour une économie au service de la population» et leurs revendications:
45 milliards
d’économies sont visés par les nouvelles politiques d’austérité.
© Jean-Luc Flémal – Belpress.com