Saint-Gobain: le choix du chômage plutôt que de la reprise
Que fait une entreprise labellisée «Top employeur» pour son respect des personnes quand un repreneur frappe à sa porte pour sauver 55 emplois? Elle l’ignore! C’est tout simplement indigne.
Isabelle Debroux
La délégation syndicale et les travailleurs du site d’Eupen au siège de Saint-Gobain à Wavre.
Depuis que le géant français de l’habitat durable a annoncé, le 30 octobre dernier, son intention de fermer son usine d’Eupen, spécialisée dans la production et la distribution de verre, il néglige toutes les pistes pour sauvegarder l’emploi. «Un repreneur crédible s’est manifesté et a demandé des informations chiffrées sur l’entreprise. Ce qui est normal: on n’achète pas un chat dans un sac. Or, après cinq semaines, il n’a rien reçu!», dénonce Vincent Lamberigts, délégué principal CSC bâtiment industrie & énergie (CSCBIE) chez Saint-Gobain Eupen.
Et lorsque le point a été abordé en conseil d’entreprise, la direction ne l’a pas pris avec le sérieux que cela impose au vu de la situation dans laquelle les travailleurs se trouvent aujourd’hui. «La direction ne semble avoir aucune intention de trouver des solutions pour sauvegarder l’emploi. Rien n’est entrepris pour chercher des repreneurs. Pire, quand il s’en présente un spontanément, on l’ignore. On préfère envoyer les gens au chômage, c’est scandaleux. Quel manque de respect pour le personnel!», tonne le délégué.
La procédure Renault vise à trouver des solutions pour éviter ou réellement réduire au maximum l’impact social négatif d’une décision de réorganisation. Ici, à part informer les travailleurs, la direction ne répond pas aux objectifs de la loi.
«Syndicalement, nous jouons le jeu, nous ne cessons d’actionner tous les leviers possibles. Nous venons avec des propositions constructives, mais la direction locale ne veut rien entendre», déplore Vincent Lamberigts.
En réaction, la délégation syndicale, accompagnée par les travailleurs du site d’Eupen, s’est rendue le 6 mars dernier au siège social de Saint-Gobain à Wavre afin de rencontrer le CEO Benelux et la responsable belge du secteur. «Nous voulions des explications sur cette absence de contacts efficaces noués par l’entreprise avec le candidat-repreneur, signale Philippe Content, secrétaire permanent CSCBIE. Et, disons-le, nous sommes restés sur notre faim. La direction n’a pas réussi à nous convaincre que tout a été fait dans les règles de l’art. Le peu d’éclaircissements fournis a généré un réel sentiment de frustration au sein de la délégation.»
Un point positif toutefois: les représentants des travailleurs ont obtenu la présence aux prochaines réunions du conseil d’entreprise d’un CEO qui puisse engager réellement l’entreprise. Une nouvelle séance est prévue le 21 mars. «Nous continuerons à nous battre sur tous les terrains, et à explorer toutes les pistes – notamment politiques», conclut le délégué CSC.
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