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L'info n°622/03/2024

Les salaires belges sont à la traîne

Le Conseil central de l’Économie (CCE) a publié des chiffres importants concernant le coût salarial horaire moyen en Belgique et dans trois pays voisins. Conclusion: il y a de la marge pour des augmentations substantielles de salaires en Belgique.

Depuis la Loi sur la norme salariale de 1996, modifiée en 2017 par le gouvernement Michel, le coût salarial horaire en Belgique ne peut pas évoluer plus rapidement que la moyenne des coûts salariaux horaires aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Le CCE estime qu’en vertu de la méthode de calcul durcie en 2017, l’écart salarial «officiel» par rapport à 1996 sera de 1,8% à la fin de 2024.

Toutefois, le coût salarial horaire moyen réel des entreprises est nettement inférieur au coût salarial horaire utilisé pour établir la comparaison avec nos pays voisins. Les subventions salariales et certaines réductions de cotisations patronales ne peuvent pas être prises en compte dans cette analyse. C’est la résultante de ce que l’on surnomme le «logiciel truqué».

Les calculs effectués sans logiciel truqué

Le CCE calcule également la différence salariale réelle en tenant effectivement compte des subventions salariales et des réductions de cotisations sociales. Son rapport stipule qu’elles sont en constante augmentation et représentent actuellement 5,6% de la masse salariale. C’est vingt fois plus qu’en Allemagne, et cinq fois plus qu’en France ou aux Pays-Bas.

Si l’on tient compte de ces éléments, on constate que le coût salarial horaire moyen belge en 2022 est inférieur de 3,8% au coût salarial horaire moyen des pays voisins. Étant donné que les salaires belges ont pris de l’avance par rapport aux salaires des pays voisins en raison de l’indexation automatique des salaires en 2022 et 2023, on peut s’attendre à ce que cet écart se creuse dans les années à venir, car ces derniers effectuent actuellement un mouvement de rattrapage.

Pour effectuer une comparaison équitable, il faut également tenir compte de la productivité. En effet, un travailleur belge est nettement plus productif que son homologue allemand, néerlandais ou français. Si l’on considère le coût salarial horaire par rapport à la productivité horaire, un travailleur belge est 2,8% «moins cher» que son collègue étranger, malgré un coût salarial horaire belge plus élevé.

Conclusion

Il existe bel et bien une marge pour des augmentations salariales substantielles dans notre pays. Les bénéfices historiquement élevés affichés par les entreprises en attestent. Le rapport du CCE montre que la rentabilité (nette) des entreprises belges est aujourd’hui nettement supérieure à la moyenne des trois pays voisins. En Belgique, la loi très rigide sur la norme salariale rend impossibles les négociations salariales sectorielles. Les employeurs appliquent alors une augmentation salariale individuelle – illégale au sens strict – pour fidéliser leurs travailleurs.

Notons également que grâce au système d’indexation automatique des salaires, le pouvoir d’achat et la consommation intérieure sont restés stables. Cela a même permis à notre économie de croître de 1,5% l’an dernier. Par rapport aux pays voisins, cela représente une croissance plus forte de 1,3 point de pourcentage. Avec des négociations salariales équitables dans un cadre équilibré, l’économie belge se porterait encore mieux! 

 

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La rentabilité des entreprises belges est aujourd’hui supérieure à ses voisins.