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L'info n°1031/05/2024

Trois symptômes de l’extrême droite

Comment définir aujourd’hui l’extrême droite alors que
ses frontières avec la droite extrême s’atténuent de plus en plus?1

Donatienne Coppieters

Trois caractéristiques de l’extrême droite sont mises en avant dans une étude, intitulée «Plus de démocratie, moins de racisme sur le lieu de travail».

L’extrême droite est d’abord raciste, nationaliste et xénophobe. Elle repose sur une forme de nationalisme qui exclut les non-natifs, les migrants, et les minorités – dont les minorités religieuses, comme l’Islam, ou sexuelles, comme les personnes LGBTQIA+.

Sa deuxième caractéristique se manifeste par des pensées et des pratiques conservatrices, autoritaires et hiérarchiques, avec surtout deux aspects: la place de la religion dans la société (comme en Pologne, par exemple, dans une version très catholique), et les rôles traditionnels des femmes et des hommes.

Dans cette conception, la femme est celle qui reste à la maison, qui «prend soin de». Cela s’exprime, notamment dans les pays d’Europe de l’Est, par un refus du concept de genre, parce que celui-ci met en avant l’idée que les rôles des femmes et des hommes sont une construction sociale, et non des rôles innés. Cela peut aussi se concrétiser parfois par des mesures sociales, comme c’est le cas des allocations familiales en Pologne et en Hongrie. Néanmoins, la plupart du temps, derrière ces discours sociaux, on retrouve des politiques antisociales.

La troisième caractéristique est l’antidémocratisme et le populisme. L’extrême droite attaque les institutions démocratiques, le Parlement, l’indépendance judiciaire, les juges. Or, le rôle des juges dans notre société, c’est de protéger les droits fondamentaux, la Constitution, mais aussi les droits des minorités. Le populisme attaque ceux considérés comme des élites politiques, mais il s’en prend maintenant aussi aux «élites» culturelles, de gauche et autres.

Ces trois pôles se manifestent de manière différente dans chaque pays, avec des accents plus ou moins forts sur l’un ou l’autre. Parce que l’extrême droite a une nature de caméléon et est opportuniste, et que ses partis savent très bien s’adapter aux situations locales.

En Belgique, par exemple, les partis d’extrême droite n’aborderont pas dans le discours public les rôles fémininins et masculins, parce qu’ils savent que ça ne leur sera pas favorable – mais ils ont leur opinion là-dessus.


1. Extrait d’une interview de Karin Debroey, Thomas Miessen et Luc Impens, auteurs de la brochure: «Les syndicats en Europe contre l’extrême droite».