Mobilisation intersyndicale contre l’austérité
20.000 personnes ont défilé dans les rues de Paris ce vendredi 13 octobre pour protester contre les plans de l’Union européenne visant à réintroduire l’austérité. Ceux-ci forceraient certains pays européens à réduire leurs dépenses pour un total de 45 milliards d’euros rien que l’an prochain.
François Reman
La CSC, et d’autres organisations syndicales, s’est naturellement jointe à cette journée d’action, qui visait également à réclamer une hausse des salaires, des pensions décentes et l’égalité femmes-hommes. Cette manifestation s’inscrit dans une mobilisation large des syndicats européens dans le cadre de la campagne de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui veut empêcher le retour de l’austérité européenne.
Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, était présente. Pour elle, l’austérité «se traduit déjà notamment par un manque de financement pour l’accueil de l’enfance et pour l’école. Il n’existe quasiment plus de possibilité d’investir. Or, il est urgent de préparer les transitions économiques et environnementales et préparer l’avenir des travailleurs ainsi que des générations futures».
Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, était présente à Paris le 13 octobre dernier.
Dès janvier 2024, quatorze États membres, dont la Belgique, pourraient devoir drastiquement réduire leurs dépenses ou les compenser en levant un montant équivalent par le biais de la fiscalité au titre du nouveau pacte de stabilité et de croissance. Pour Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, «le pire est que ces plans visant à rétablir l’austérité interviennent alors que les bénéfices des entreprises et les dividendes des actionnaires ont atteint des niveaux records, augmentant jusqu’à 13 fois plus vite que les salaires».
Les règles budgétaires de l’UE avaient été suspendues en 2020 pour faire face aux retombées économiques de la pandémie, mais elles devraient être rétablies en janvier. Même s’il existe des propositions pour changer ces règles, elles impliqueraient toujours que les États membres dont le déficit budgétaire excède 3% du PIB le réduisent d’au moins 0,5% du PIB chaque année.
La CES demande que la suspension des règles budgétaires soit prolongée une année de plus afin de permettre l’ouverture d’un débat en bonne et due forme sur les conséquences de l’austérité et ses alternatives.
Pour la CES, il est nécessaire d’accroître les emprunts européens communs et d’établir une règle d’or pour les investissements publics. Cela garantira que les pays puissent réaliser les investissements indispensables à la transition vers une économie verte et numérique, tout en maintenant un niveau adéquat de dépenses courantes. Ces revendications seront une nouvelle fois rappelées le 13 décembre à Bruxelles lors d’un rassemblement des organisations syndicales européennes.
© La CSC