Lédito

L'info n°1608/09/2023

Gare du Midi: des moyens collectifs et du courage politique

Arriver à Bruxelles par la Gare du Midi peut générer un malaise pour les voyageurs. La gare offre un concentré des défis auxquels est confrontée une grande ville comme Bruxelles: migration, sans-abrisme, usage de drogue, criminalité. En effet, la capitale est une porte d’entrée pour les migrants, mais la politique fédérale de l’accueil est insuffisante et jette une population à la rue. Elle va y rejoindre les victimes de la crise du logement et finit par «habiter» la gare. Pour survivre, ce sont alors les petits trafics, ou le travail au noir – faisant pression sur les conditions de travail des autres ouvriers. Ces situations précaires créent souvent un terrain fertile pour l’usage de la drogue, seule possibilité d’échapper quelques instants aux rêves brisés et aux perspectives bouchées.

L’insécurité générée par cette situation ne peut être dissipée durablement par une opération «coup-de-poing» de la police. Celle-ci est elle-même en souffrance par manque de personnel, et ne peut agir que sur les symptômes de telles situations. Les solutions répressives – comme l’interdiction des tentes de sans-abri – n’en sont pas pour les personnes concernées, et ne font que déplacer le problème. Retirer une tente n’a jamais créé un logement.

Les services sociaux, d’accompagnement des migrants ou d’usagers de drogues, offriraient déjà de meilleures perspectives. Mais ils sont également incapables de faire face à l’ampleur de la tâche avec les moyens d’aujourd’hui. Une approche plus humaine de la situation des personnes «qui gênent» à la gare est la seule solution de long terme: accompagnement, logement, accueil, régularisation administrative… La nomination annoncée d’un coordinateur améliorera peut-être un peu la situation.

Cependant, les réponses concrètes demandent des moyens collectifs – via une fiscalité solidaire – et du courage politique. Celui de ne pas aveugler son électorat avec des solutions simplistes, mais de se donner une chance de construire un monde meilleur, pour les voyageurs de la gare comme ses habitants et ceux du quartier.

Benoît Dassy, secrétaire régional bruxellois

Les réponses concrètes demandent des moyens collectifs – via une fiscalité solidaire – et du courage politique.