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L'info n°2010/11/2023

rail

Une «prise de service» débranchée de la réalité du terrain

À l’occasion de son congrès (à lire en pages 6 et 7), la CSC Transcom abordait l’impact de la digitalisation sur les différents secteurs qu’elle couvre. C’est un impact négatif sur les conditions de travail des accompagnateurs de train qui est à l’origine de la grève des cheminots en novembre et décembre.

David Morelli

La direction de la SNCB veut réduire de moitié la période de «prise de service», ce temps de préparation entre l’arrivée sur le lieu de travail et le début effectif du service. Cette décision constitue un témoignage édifiant des effets potentiellement négatifs de la digitalisation sur les conditions de travail des travailleurs.


Aimée Waeterloos, accompagnatrice de train et déléguée CSC-Transcom depuis quatre ans.

«Quand on arrive au travail, notre prise de service dure vingt minutes, explique Aimée Waeterloos, accompagnatrice de train, principalement sur la ligne Quiévrain-Liège, et déléguée CSC-Transcom depuis quatre ans. Ces vingt minutes sont très importantes pour les accompagnateurs de train. C’est le seul moment où l’on voit ses collègues et, surtout, c’est un temps nécessaire pour synchroniser nos tablettes et lire le livre d’ordres. C’est un document qui nous permet de prendre connaissance des nouvelles règles et des informations qui devront être communiquées aux voyageurs durant le trajet: les travaux sur la ligne, les limitations des trains en gare, etc. Je dois être informée de tout cela pour notre sécurité et celle des voyageurs».

Considérant que l’utilisation d’outils technologiques, ici un GSM de service pour lire les informations, simplifiera la prise de service, la direction de la SNCB veut la réduire à dix minutes. «Elle veut raboter ces vingt minutes sous prétexte qu’on va tout avoir sur un smartphone. Lire un livre d’ordres sur un petit téléphone plutôt que sur une feuille de papier, c’est plus compliqué, et ça ne prend pas moins de temps: pour lire, il faut agrandir l’image, zoomer, etc.», dénonce Aimée.


2x48 heures

Dans ce contexte, dénonçant la hausse de la productivité dans tous les services, et les réorganisations déconnectées de la réalité du terrain, les syndicats de cheminots, dont la CSC Transcom, ont lancé en front commun un préavis de grève de 96 heures. Après une première action de 48 heures début novembre, une seconde est prévue du mardi 5 décembre 2023 à 22h au jeudi 7 décembre, même heure.

«Sous couvert de la simplification permise par la technologie, la direction tente d’accroître la productivité et de faire des économies en diminuant de cinquante équivalents temps plein le nombre de personnes nécessaires pour assurer le service. La seule alternative qu’elle propose, c’est de passer à quinze minutes durant deux ans avant de passer à dix minutes en 2025. On ne peut pas lâcher là-dessus. On ne veut pas que, petits morceaux par petits morceaux, on arrive au final à zéro minute», conclut la déléguée.

La direction tente d’accroître la productivité et de faire des économies en diminuant le nombre de personnes nécessaires pour assurer le service.


Le document de prise de service permet notamment de prendre connaissance des informations à communiquer aux voyageurs.


© David Morelli et © Jean-Marc Quinet – Belpress.com