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«Sprinters polonais»: durcir les contrôles
Pour la CSC Transcom, l'utilisation abusive de camionnettes entraîne une concurrence déloyale dans le secteur du transport. Un plan remanié devrait permettre de coordonner tous les niveaux politiques et de garantir un contrôle plus strict.
David Morelli
Les camionnettes, contrairement aux camions, ne doivent pas respecter la limite de 90 km/h sur les autoroutes.
«La surenchère visant à accélérer les livraisons et à minimiser les coûts conduit à une utilisation excessive de véhicules utilitaires légers», constate Koen Ryckenboer, responsable néerlandophone du secteur des transports à la CSC Transcom. Les camionnettes de moins de 3,5 tonnes échappent en effet aujourd'hui aux règles plus strictes en matière de transport de marchandises. Un simple permis de conduire B suffit, le tachygraphe mesurant les périodes de repos n'est pas obligatoire, et les camionnettes, contrairement aux camions, ne doivent pas respecter la limite de 90 kilomètres par heure sur les autoroutes.
«Parfois, les entreprises répartissent le contenu d'un camion dans trois camionnettes afin d'accélérer les livraisons internationales, développe Koen Ryckenboer. Le problème ne cesse de s'aggraver. Prenons l'exemple des camionnettes blanches qui circulent sur l'autoroute, souvent sans inscription, avec un tout petit espace dans la cabine du conducteur pour lui permettre de dormir». Comme elles circulent souvent avec une plaque d'immatriculation polonaise, ces camionnettes ont été rebaptisées les «sprinters polonais».
«Actuellement, elles passent à travers les mailles du filet, explique Koen Ryckenboer. Nous soupçonnons de nombreuses camionnettes d'être chargées au-delà de 3,5 tonnes. Mais sans tachygraphes ni taxe kilométrique, il y a peu de contrôle. En fait, nous ne savons même pas qui est au volant».
Une situation que confirme Roberto Parrillo, son homologue francophone. «Lors d'un contrôle récent de la police des autoroutes, une camionnette a été contrôlée avec un poids total de 5,36 tonnes. Soit 53% de trop! C’est un danger pour les citoyens qui circulent tous les jours sur les routes et autoroutes et une concurrence déloyale pour les entreprises qui respectent les règles.» Avec des salaires inférieurs, les chauffeurs travaillent plus longtemps et les employeurs ne sont pas tenus de payer une formation spéciale pour leurs chauffeurs.
Pour remédier à cette situation, la CSC Transcom souhaite avant tout accroître les contrôles. «Les services d'inspection doivent être renforcés, recevoir plus de moyens et avoir accès à certaines bases de données qu'ils ne peuvent pas consulter actuellement. Pour y parvenir, il faut unir les forces à tous les niveaux politiques. Nous en discutons actuellement avec tous les cabinets», conclut Koen Ryckenboer. L'Europe prend déjà des mesures: à partir du 1er juillet 2026, elle exigera également des tachygraphes dans les camionnettes de plus de 2,5 tonnes.
© Jean-Luc Flémal – Belpress.com
