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L'info n°2322/12/2023

Namur

Dinant Le travail en mutation

Le congrès de la CSC Namur-Dinant a rassemblé plus de 200 militantes et militants à Bouge (Namur) le 8 décembre dernier.

Denis Grégoire


Plus de 200 militants étaient présents.

L’évènement avait été conçu comme un forum de réflexion autour du thème du «Travail en mutation» et des défis considérables que ces transformations posent aux organisations syndicales, notamment en termes d’engagement collectif.

La dynamique rapide de l’évolution du monde du travail, caractérisée par des aspects tels que le télétravail, l’intégration croissante des technologies de l’information (incluant l’intelligence artificielle), la déshumanisation des relations professionnelles via de nouvelles méthodes de management, le manque de reconnaissance pour les efforts déployés par les salariés (sentiment de «manque de reconnaissance»), ainsi que la pression croissante exercée sur les travailleurs au nom de la rentabilité, remettent en question l’action collective et la représentation des travailleurs.

Témoignages et réflexions

Avant l’événement, la CSC Namur-Dinant avait préparé sept courtes vidéos dans lesquelles des délégués et représentants syndicaux de divers secteurs (gardiennage, maisons de repos, construction, informatique, enseignement, transport, électricité-génie civil) partageaient leurs expériences. Ces vidéos abordent des sujets tels que la déshumanisation des relations professionnelles, le télétravail, la solidarité entre travailleurs, les difficultés à toucher les travailleurs éparpillés, la perte de valeurs, le manque de reconnaissance et les temps de déplacement.

Ces témoignages ont été présentés à Anne Rousseau, professeure à l’ICHEC-UCLouvain, et au philosophe Jean Blairon. Anne Rousseau a introduit la journée en abordant les grandes évolutions relatives au travail et à ses modes d’organisation et de gestion. Elle a souligné les trois dimensions du travail (subjective, objective, collective) et les quatre grandes tendances observées: flexibilité, individualisation, autonomie, technologie.

Jean Blairon, quant à lui, a commenté les témoignages vidéo en mettant l’accent sur ce qui les relie et les expériences communes partagées par les délégués syndicaux. Il a suggéré de considérer le travail syndical comme un travail sur le travail, un effort visant à prendre soin du travail et à le transformer. Il a souligné la nécessité de respecter le droit à être considéré en tant que sujet humain, et non comme un objet manipulable.

Le philosophe a identifié plusieurs processus à combattre ou à interroger, tels que l’individualisation croissante des relations de travail, la confiscation de la capacité d’organisation, la prise en compte des «acteurs non humains» (objets techniques qui peuvent faciliter ou au contraire entraver les rencontres) et le phénomène de dépossession dans certains secteurs professionnels.

Des témoignages de représentants syndicaux ont illustré les thématiques et défis discutés.


Anne Rousseau, professeure à l’ICHEC-UCLouvain.

Pistes syndicales

En début d’après-midi, les militantes et militants ont réfléchi à des pistes de réponses syndicales à ces défis, à travers dix ateliers thématiques.

Anne Léonard, secrétaire nationale de la CSC, et Isabelle Meerhaeghe, secrétaire fédérale de la CSC Namur-Dinant, ont clôturé la journée. Elles ont esquissé certaines pistes afin de réinventer l’action syndicale et répondre aux défis actuels et futurs du travail et de la représentation des travailleurs. 

 

© Photos CSC Namur-Dinant