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Nom: Anne-Marie Balthasart
Fonction: Présidente de la CSC Seniors
L’augmentation du coût de la vie et de l’énergie touche particulièrement les pensionnés. Anne-Marie Balthasart, pensionnée et présidente de la CSC Seniors, témoigne de sa situation personnelle.
Propos recueillis par David Morelli
J’ai passé tout l’été chez moi cette année alors que d’habitude, je fais l’une ou l’autre excursion avec mes petits-enfants, un cinéma… J’ai dû couper dans les sorties pour limiter les dépenses.
Jusque fin 2021, j’étais bénéficiaire du tarif social. Mais je ne peux plus en bénéficier depuis le début de cette année. J’ai tout de suite constaté la différence entre le tarif social et le tarif ordinaire: je suis passée de 142 euros par mois d’acompte pour le gaz et l’électricité à 385 euros. Comme mon fils et mes petits-enfants viennent très régulièrement chez moi, la facture de mes courses augmente également. Le carburant constitue aussi un problème: je fais 20.000 kilomètres par an uniquement pour conduire et rechercher mes petits-enfants à l’école et pour mes activités. Mes obligations familiales me laissent peu de possibilités de prendre les transports en commun. Il est plus difficile pour moi de réduire les kilomètres que ma consommation domestique.
Ce qui m’énerve, c’est quand le ministre de l’énergie dit qu’il n’y aura pas de coupures – car faute de pouvoir payer, on va devoir les provoquer nous-mêmes.
Je dois calculer plus qu’avant. Ma facture d’énergie nécessite une part importante de mon budget, auquel il faut ajouter mon prêt auto, les assurances et les frais de communication… Heureusement, je suis propriétaire de ma maison. Mais je viens de prendre coup sur coup la taxe de circulation et le précompte immobilier. J’ai dû entrer une demande pour pouvoir payer le précompte en plusieurs fois.
Je n’étais pas pour le principe d’une TVA à 6%, mais cette mesure d’«urgence» est utile pour aider les gens. Je pense que la première mesure nécessaire est l’élargissement du tarif social. C’est plus simple à exécuter – mais reste coûteux pour les deniers publics – et on peut l’appliquer à toutes les personnes, quel que soit leur statut. Par contre, ce qui m’énerve, c’est quand le ministre de l’énergie dit qu’il n’y aura pas de coupures: notre problème, c’est que, faute de pouvoir payer, on va devoir les provoquer nous-mêmes, ces coupures. Plus globalement, il faut travailler sur le prix, mais c’est au niveau international que les mesures doivent être prises.
Je traque partout les petites consommations inutiles, comme l’éclairage inutile à certains endroits. Pour limiter les dépenses de gaz, je prépare systématiquement mes repas pour deux jours. Mais, à part pour le chauffage de nuit pour lequel je peux remplacer quelques degrés par une couverture en plus, je fonctionne déjà au minimum pour le chauffage en journée.
Je suis à la limite de ce que je peux faire sur le plan financier avec ma pension, en tirant sur toutes les ficelles, en ne me permettant aucun «extra». Je souhaite néanmoins continuer à rendre service au sein de ma famille et poursuivre mes activités sociales et syndicales. Mais si l’énergie grimpe encore, je ne sais pas où je trouverai le budget pour continuer ces activités, malgré l’indexation récente de ma pension, obtenue après une carrière de 45 ans à temps plein, à 1.807 euros.
